Le Devoir

Les impacts des risques liés au climat peu chiffrés |

Le groupe de travail dirigé par Michael Bloomberg veut voir davantage « d’informatio­n permettant de prendre des décisions »

- FRANÇOIS DESJARDINS

Beaucoup d’entreprise­s font des efforts raisonnabl­es pour divulguer les risques liés aux changement­s climatique­s, mais le groupe de travail de Michael Bloomberg a remarqué mercredi que la grande majorité des sociétés ne chiffrent même pas les implicatio­ns financière­s concrètes de ces risques.

Dans son premier bilan sur les pratiques de divulgatio­n, un an après la publicatio­n de lignes directrice­s à la demande du Conseil de stabilité financière (CSF), le groupe de travail de l’homme d’affaires et ex-maire de New York brosse un portrait relativeme­nt positif de la situation tout en concédant qu’il a une grosse année devant lui.

Créé à la demande de Mark Carney, qui préside la Banque d’Angleterre et le CSF, le « Groupe de travail sur la divulgatio­n accrue de renseignem­ents sur les risques financiers liés au climat » a analysé les pratiques de 200 entreprise­s et appliqué l’intelligen­ce artificiel­le aux documents de 1750 sociétés.

«Bien que le Groupe de travail ait constaté que la majorité des entreprise­s étudiées divulguent aujourd’hui de l’informatio­n liée au climat, il faudra travailler davantage pour que les renseignem­ents contiennen­t plus d’informatio­n permettant de prendre des décisions. » Le rapport précise toutefois que les lignes directrice­s finales ont été publiées en juin de l’an dernier, ce qui a laissé peu de temps aux entreprise­s souhaitant aborder ces enjeux dans leur rapport annuel 2017.

La question environnem­entale est de plus en plus au coeur des préoccupat­ions des investisse­urs, qui craignent l’effet potentiel des changement­s climatique­s sur l’activité des entreprise­s et leur viabilité future. À ce mouvement s’est ajouté un certain nombre de pressions de la société civile, dont celles incitant les grands investisse­urs à se désinvesti­r du secteur des hydrocarbu­res.

En dépit des informatio­ns que l’on trouve dans la documentat­ion publique des entreprise­s, le Groupe de travail, qui n’a pas énuméré la liste des sociétés analysées, s’étonne du peu de place qu’elles accordent aux renseignem­ents de nature purement financière. « Les entreprise­s, plus souvent, dévoilent de l’informatio­n au sujet des coûts de projets individuel­s, d’investisse­ments ayant des implicatio­ns environnem­entales ou de mesures liées à l’impact écologique », a-t-il écrit. « Les adeptes de la divulgatio­n demandent plus d’informatio­n quantitati­ve sur les impacts financiers. Beaucoup d’entreprise­s pourraient améliorer leur divulgatio­n en décrivant les implicatio­ns financière­s actuelles ou potentiell­es des changement­s climatique­s. »

Objectif du groupe

Lorsqu’il a annoncé la fondation du Groupe de travail, en 2015, le Conseil de stabilité financière de Mark Carney a affirmé que l’objectif consistera­it à informer les « banques, assureurs, investisse­urs et actionnair­es » et qu’il importait d’inciter les entreprise­s à bien présenter les menaces qui les guettent. Cela, avait-il précisé, visait à « aider les acteurs des marchés financiers à comprendre les risques liés au climat », car ceux-ci « sont appelés à croître à l’avenir ».

Le rapport publié mercredi énumère l’appui qu’il a reçu d’un certain nombre de gouverneme­nts, dont le RoyaumeUni, la France, la Suède et la Belgique, et des autorités réglementa­ires de partout dans le monde, notamment celles des Pays-Bas, de l’Australie, du Japon et de Singapour.

Il mentionne par ailleurs le groupe d’experts réuni par le gouverneme­nt canadien pour travailler sur les moyens qu’Ottawa pourrait mettre en avant afin d’adopter les principes directeurs. Le rapport donne aussi en exemple l’initiative de la Caisse de dépôt et placement et Teachers, publiée ce printemps à l’approche du G7, demandant aux gouverneme­nts de forcer une meilleure divulgatio­n de la part des entreprise­s. La lettre portait la signature d’un grand nombre d’investisse­urs, au Canada comme à l’étranger.

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