L’universalité du cinéma black
Sur les rails depuis deux jours, le 14e Festival international du film black de Montréal (FIFBM) rassemble, en 72 courts, moyens et longs métrages, une panoplie d’enjeux sociaux. Liés à l’héritage culturel des communautés noires et à leurs luttes contre les inégalités, ces fictions, documentaires et films d’animation abordent néanmoins des réalités qui nous concernent tous. En voici deux des meilleurs exemples. Time for Ilhan, jeudi 27 septembre, Cinémathèque québécoise Ce documentaire revient sur la campagne victorieuse de celle qui est devenue, en 2016, la première femme d’origine somalienne à être élue à l’Assemblée législative d’un État fédéré, dans ce cas, à la Chambre des représentants du Minnesota.
Ilhan Omar est un symbole du renouveau politique aux États-Unis. Le magazine Time l’avait même placée en page couverture du numéro consacré aux « femmes qui changent le monde », au moment où se profilait la bataille présidentielle entre Trump et « Hillary ».
Au-delà de la plongée qu’il offre dans la communauté musulmane de Minneapolis, Time for Ilhan détaille le parcours de la future élue. L’investiture démocrate, où Ilhan Omar affronte notamment Phyllis Kahn, élue depuis 45 ans, s’avère cruciale, puisque le comté est de nature progressiste. La victoire aux élections de novembre est pratiquement garantie à la candidate démocrate.
Le documentaire montre Ilhan Omar comme une habile oratrice, rassembleuse au point où son voile n’est qu’un détail vestimentaire. À ses multiples identités qu’on lui impose (femme immigrante, noire musulmane, jeune maman sans expérience politique), Ilhan préfère se présenter comme une citoyenne habilitée à défendre véritablement les voix des laissés-pour-compte.
La réalisatrice Norah Shapiro s’appuie sur la chronologie des faits et sur les aléas dramatiques de la réalité pour faire de son personnage un modèle de persévérance. Et de résistance, car si le film a une issue heureuse, l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche annonce de nouvelles batailles. Dead Women Walking, dimanche 30 septembre, Cinéma Impérial Le film de clôture est aussi porté par une voix féminine, réalisé par Hagar Ben-Asher, cinéaste d’origine israélienne, et par des personnages féminins. Long métrage de fiction, il propose un regard sur le milieu carcéral, et particulièrement sur le cas de condamnées à mort, pas uniquement noires.
Organisé comme un collage de courts segments, Dead
Women Walking dresse le portrait de neuf femmes dans les derniers moments de leur vie, que ce soit le « dernier repas » ou « le dernier trajet ». L’ensemble est empreint d’une abrupte montée dramatique, puisque chaque segment se rapproche au fur et à mesure du moment fatal.
Soucieux de réalisme, sans entrer dans les détails des accusations qui pèsent sur la condamnée, le film cherche à montrer les effets collatéraux de la peine de mort. L’appel humaniste est latent, mais on est loin du pamphlet politique.
Les interprètes d’un récit à l’autre sont d’une grande justesse. Ils incarnent une panoplie de personnages, pas seulement les prisonnières, mais aussi les employés, les membres de la famille, les avocats ou encore une religieuse. La violence, elle, est palpable d’un bout à l’autre, jusqu’à la scène finale, dont la cruauté s’exprime par un détail, le mot homicide écrit comme raison du décès de la condamnée.
Autres films à signaler
Buffalo Soldiers, 28 septembre, Cinémathèque québécoise, documentaire sur les soldats noirs pendant la guerre de Sécession.
Bigger than Africa, 29 septembre, Cinéma du Parc, documentaire sur la culture yoruba, présente aux ÉtatsUnis, dans les Caraïbes et en Amérique latine.
The Foreigner’s Home, 29 septembre, Cinémathèque québécoise, documentaire à partir des réflexions de l’auteure Toni Morrison. Jérôme Delgado