Le Devoir

Front commun anti-Trump sur l’Iran

Le président américain accuse la Chine de vouloir s’ingérer dans les législativ­es

- PHILIPPE RATER JÉRÔME CARTILLIER

Donald Trump a dénoncé mercredi l’agressivit­é croissante de l’Iran et accusé la Chine de s’ingérer dans les élections américaine­s, apparaissa­nt isolé face aux autres grandes puissances et à ses propres alliés au Conseil de sécurité de l’ONU.

« Dans les années qui ont suivi la signature de l’accord » de 2015 censé empêcher Téhéran de fabriquer la bombe atomique, « l’agression de l’Iran n’a fait qu’augmenter », a lancé le président des États-Unis, qui avait lui-même convoqué cette réunion sur la non-proliférat­ion des armes de destructio­n massive à l’occasion de l’Assemblée générale annuelle des Nations unies.

Celui qui s’est retiré en mai de ce texte au grand dam de la communauté internatio­nale a promis que les sanctions rétablies par Washington seraient « pleinement » en vigueur début novembre. Et seront suivies par de nouvelles mesures punitives « plus dures que jamais, pour contrer l’ensemble du comporteme­nt malveillan­t de l’Iran », accusé de déstabilis­er le Moyen-Orient.

Face à lui, les Européens, la Russie et la Chine ont fait bloc pour défendre l’accord.

« Le fait que les États-Unis se soient retirés de l’accord constitue une menace pour le Traité de non-proliférat­ion », a martelé le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

En 2015, l’accord avec l’Iran — arrêt du programme nucléaire militaire en échange d’une levée de sanctions internatio­nales — « avait été obtenu de haute lutte », a renchéri le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi. Il représente «une victoire pour le multilatér­alisme, il contribue à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient ».

Des alliés qui se retournent

Pire, les alliés de Washington ont abondé dans le même sens.

L’accord « demeure le meilleur moyen d’empêcher l’Iran de développer une arme nucléaire », a souligné la première ministre britanniqu­e, Theresa May.

Le président français, Emmanuel Macron, qui prône le dialogue avec Téhéran, a, lui, estimé que la crise iranienne ne pouvait se réduire à une « politique de sanctions ».

Absent du Conseil de sécurité dont son pays n’est pas membre actuelleme­nt, le président iranien Hassan Rohani a estimé, lors d’une conférence de presse non loin de là à New York, que les États-Unis finiraient « tôt ou tard » par revenir dans l’accord. L’Iran, lui, y restera tant qu’il en tirera des bénéfices économique­s, a-t-il promis.

En début de semaine, tous les signataire­s de l’accord nucléaire de 2015, moins Washington, avaient annoncé un mécanisme complexe de troc visant à préserver les nombreuses entreprise­s étrangères sommées de quitter l’Iran sous peine de mesures punitives américaine­s.

Véritable camouflet pour Donald Trump, cette initiative a été dénoncée par le gouverneme­nt américain, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo exprimant sa « profonde déception ».

Sur fond de guerre commercial­e, le président américain a directemen­t reproché à Pékin de vouloir « interférer dans les élections » législativ­es de novembre aux États-Unis, pour empêcher, in fine, sa propre réélection dans deux ans.

« Ils ne veulent pas que je gagne, ou que nous gagnions, parce que je suis le premier président à défier la Chine sur les échanges » commerciau­x, a-t-il ajouté, s’attirant un vif démenti du chef de la diplomatie chinoise.

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SPENCER PLATT GETTY IMAGES AGENCE FRANCE-PRESSE Le premier ministre belge, Charles Michel, la première ministre britanniqu­e, Theresa May, et le président français, Emmanuel Macron, attendent l’arrivée du président américain, Donald Trump, à la rencontre du Conseil de sécurité de l’ONU.

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