Le PQ monte dans le train des rabais en transport en commun
La formation propose une réduction de 60 % de la tarification en dehors des heures de pointe
Il y a de l’achalandage au rayon des promesses en transport collectif : après les libéraux et les solidaires, c’était jeudi au tour du Parti québécois (PQ) de proposer un modèle de réduction des tarifs.
Le troisième volet du « Grand déblocage » — le plan péquiste pour décongestionner les routes du Québec — promet en effet de réduire de 60 % le tarif du transport en commun en dehors des heures de pointe. Cela pour tous les usagers, et partout.
Les sociétés de transport seront libres d’adhérer au projet. Mais puisque les pertes de revenus seront compensées par le Fonds Vert (le tout est inscrit dans le cadre financier du PQ), on estime chez les péquistes que personne ne s’en privera.
L’idée avancée par Jean-François Lisée vise à mieux répartir le volume d’usagers en incitant les gens qui le peuvent à voyager aux heures creuses. « La proposition de tarification intelligente qu’on peut faire en 2018, c’est […] d’attirer les usagers là où les places sont disponibles, c’est-à-dire hors pointe », a soutenu le chef péquiste. Les heures de pointe sont comprises entre 6 h et 9 h le matin, et de 15 h 30 à 18 h 30 l’après-midi.
« Demandez aux experts, a lancé M. Lisée : la gratuité pour tous, à l’heure de pointe, dans une situation de surutilisation du réseau [durant ces heures], ce n’est pas une réponse. C’est contre-productif, surtout dans la région de Montréal. »
Les modélisations faites par le PQ prévoient que la mesure favorisera un transfert modal de l’auto vers les transports collectifs et actifs, et permettra à 800 000 usagers d’économiser jusqu’à 190 $ par année.
Impliquer les sociétés de transport
Comment cette mesure pourrait-elle être appliquée concrètement, considérant que les différentes sociétés de transport du Québec ont leur propre système de perception des paiements ? Là-dessus, le chef péquiste « fait confiance aux sociétés de transport » pour trouver les bonnes solutions. « Les cartes sont électroniques, des variations peuvent se faire », at-il dit. « C’est dans l’ordre de l’application des choses. »
M. Lisée a fait valoir que certaines municipalités proposent déjà des tarifs préférentiels au Québec. C’est le cas par exemple de Longueuil, Boucherville et Brossard, qui permettent aux personnes âgées de 65 ans et plus de bénéficier d’une gratuité des transports lorsqu’elles les utilisent en dehors des heures de pointe.
Elles doivent toutefois posséder un abonnement du réseau de transport pour s’en prévaloir. « Les billets à l’unité, ça ne fonctionnerait pas, sinon le transporteur ne s’y retrouverait plus », estime Florence Junca-Adenot, professeure à l’UQAM et ancienne p.-d.g. de l’Agence métropolitaine de transport (AMT). « Là, les gens sont enregistrés et ça fonctionne grâce à la lecture de leur carte d’abonnement. »
Mme Junca-Adenot voit d’un bon oeil la mesure proposée par le PQ. « C’est plus logique de proposer un rabais hors heure de pointe, quand les autobus, trains et métros comptent encore beaucoup de places vides. Les trajets sont maintenus qu’il y ait du monde ou non, autant les remplir », explique-t-elle.
Une telle mesure favoriserait forcément ceux qui, « comme les étudiants ou les aînés, ont un horaire plus malléable. Mais ça représente une part importante de la société », souligne Mme Junca-Adenot.
Mouvement général
Plus tôt durant la campagne, les libéraux de Philippe Couillard ont promis à tous les étudiants et aux aînés la gratuité complète dans le transport collectif. Québec solidaire propose pour sa part un rabais de 50 % pour tous et en tout temps.
Toutes ces propositions s’inscrivent dans le contexte où l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) prévoit de mener cet automne des consultations publiques autour d’une « refonte du cadre tarifaire actuel » — plusieurs réclament notamment la mise en place d’une modulation des tarifs en fonction du revenu des usagers.
C’est plus logique de proposer un rabais hors heure de pointe, quand les autobus, trains et métros comptent encore beaucoup de places vides. Les trajets sont maintenus qu’il y ait du monde ou non, autant les remplir. FLORENCE JUNCA-ADENOT