Le Devoir

L’AQPM déplore un manque de production­s créées au Canada

Netflix dit être « en voie de dépasser le demi-milliard de dollars d’investisse­ments promis » après un an

- PHILIPPE PAPINEAU LE DEVOIR

Au premier anniversai­re de l’entente entre le géant Netflix et le Canada, le service de diffusion en ligne a affirmé dans un communiqué qu’il «est en voie de dépasser le demi-milliard de dollars d’investisse­ments promis ». Mais l’Associatio­n québécoise de la production médiatique (AQPM) estime que Netflix devrait investir davantage dans des production­s issues des créateurs canadiens au lieu de tourner des projets internatio­naux au pays.

La présidente-directrice générale de l’AQPM, Hélène Messier, reste à convaincre quant à l’impact réel de Netflix dans l’industrie d’ici. « On peut se réjouir que Netflix continue de dépenser de l’argent en production au Canada, dit-elle. Mais je dirais qu’il n’y a rien de neuf sous le soleil par rapport à ce qu’ils faisaient déjà. Ce qu’ils doivent faire, c’est investir plus dans des production­s originales qui proviennen­t de créateurs canadiens. »

Mme Messier donne l’exemple de la série Riverdale, tournée à Vancouver, mais qui reste une oeuvre américaine. « C’est du tournage de service au Canada comme on en fait pour plein de grands studios américains qui viennent tourner à Montréal et dans les autres régions canadienne­s. Pour nous, ce qui a un réel impact, c’est de ne pas juste avoir des équipes de technicien­s canadiens qui travaillen­t sur des production­s internatio­nales, mais avoir du contenu canadien qui est produit ici. »

En septembre dernier, Netflix s’était engagé à créer une maison de production canadienne qui investirai­t au moins 500 millions de dollars dans des production­s locales durant les cinq années suivantes. C’est la Loi sur Investisse­ment Canada qui encadre cette opération.

Aucune promesse n’avait été faite sur la part du contenu francophon­e, mais le géant américain avait promis d’investir une autre enveloppe de 25 millions dans une « stratégie de développem­ent du marché pour le contenu et la production francophon­e ».

Retombées

Un an plus tard, l’entreprise qui compte 130 millions d’abonnés dans le monde estime que son investisse­ment « se traduit par des retombées économique­s directes, par exemple du travail pour des producteur­s, des réalisateu­rs, des auteurs, des acteurs et des équipes de tournage au Canada ».

Concrèteme­nt, Netflix a tissé en avril des liens avec l’Institut national de l’image et du son (INIS) en finançant un programme destiné aux communauté­s autochtone­s et culturelle­s. En mai, le diffuseur en ligne a aussi investi dans un programme de perfection­nement en scénarisat­ion de comédie à l’École nationale de l’humour. Puis en juillet, on apprenait que huit humoristes canadiens, dont quatre Québécois, feraient partie d’une série de monologues diffusés sur la plateforme en 2019.

« La passion qu’ont ces organisati­ons pour aider à la croissance et à la diversific­ation de la prochaine génération de créateurs canadiens, c’est ce qui nous inspire et nous sommes honorés de soutenir leur développem­ent », lance Netflix dans son communiqué.

En entrevue au Globe and Mail vendredi, le vice-président aux acquisitio­ns de contenu de Netflix, Larry Tanz, a déclaré que l’industrie audiovisue­lle canadienne s’était rapidement adaptée aux exigences du marché internatio­nal, et qu’elle allait continuer de jouer un rôle clé dans la stratégie de la compagnie.

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La série Riverdale de Netflix a été tournée à Vancouver, mais c’est une oeuvre américaine, souligne la présidente­directrice générale de l’Associatio­n québécoise de la production médiatique, Hélène Messier. NETFLIX

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