Les regards se tournent vers le plan financier de la CAQ
Les objectifs de croissance sont « ambitieux », estime l’agence DBRS
Les prévisions de croissance économique sur lesquelles mise la Coalition avenir Québec font preuve d’un certain enthousiasme lorsqu’on les compare aux attentes actuelles, a mentionné l’agence de notation DBRS dans une analyse qui évoque tout de même « l’élan positif » qui continue de marquer les finances publiques.
Au lendemain de la victoire des troupes de François Legault, DBRS a fait remarquer mardi que la croissance de l’économie québécoise a été de 1,5 % en moyenne depuis dix ans. Dans son cadre financier, la CAQ ne vise rien de moins que 2 %, ce que l’agence estime « ambitieux ».
Alors que le rapport préélectoral du ministère des Finances a prévu des gains de 1,3 % pour les années 2021 et 2022, la CAQ affirme dans son cadre financier que « tout doit être mis en oeuvre », au plan de la fiscalité et de l’attraction d’investissements, afin d’amener le « potentiel économique » du Québec à 2 %. Le parti estime que ses politiques stimuleront l’économie au point d’ajouter 0,5 % à la croissance du PIB pendant chacune des deux dernières années de son mandat.
« Le nouveau gouvernement est favorable au milieu des affaires », a écrit DBRS, en ajoutant que « la CAQ a mis l’accent sur l’augmentation de la main-d’oeuvre/participation au marché du travail, et le besoin d’accroître la productivité et l’innovation ».
Compte tenu des engagements de la CAQ en matière de réduction de la dette, l’agence de notation ne compte pas modifier la cote de crédit du Québec. DBRS a déjà indiqué que l’assainissement des finances publiques et la croissance économique pourraient même avoir des conséquences positives pour la cote « à moyen terme ».
En fin de journée hier, les autres agences de notation n’avaient pas encore émis d’analyse.
Un des engagements de la CAQ consiste à effectuer un remboursement de dette de 10 milliards d’ici le 31 mars 2019, geste rendu possible par un prélèvement unique dans le Fonds des générations.
Le gouvernement Couillard, qui retourne dans l’opposition, avait déjà l’intention de rembourser 10 milliards, mais en étalant cet exercice sur 5 ans. Le premier chèque de deux milliards a été signé au mois de mai.
Le Fonds des générations valait environ 12,8 milliards au début de l’année fiscale 2018-2019, selon le rapport préélectoral qui a reçu la bénédiction du Vérificateur général du Québec. Le gouvernement devrait y verser 2,5 milliards cette année, 2,7 milliards l’an prochain et 3 milliards en 2020-2021. L’objectif du Fonds consiste à générer des rendements d’investissement supérieurs aux coûts d’emprunt du gouvernement.
Dans les emprunts de plus d’un an, 53 % des sommes que devra rembourser Québec un jour sont des emprunts à échéance de 10 ans, alors que 31 % sont remboursables en moins de 10 ans. La dette brute du Québec était de 204 milliards au 31 mars dernier.
L’agence Standard & Poor’s a parié cet été que les politiques fiscales du Québec allaient continuer comme telles, quel que soit le parti élu, en raison du très haut degré de « visibilité » qui viendrait avec tout effort visant à modifier le cadre actuel, comme les lois sur l’équilibre budgétaire et le Fonds des générations.
Le prélèvement par la CAQ d’un montant important dans le Fonds des générations afin de rembourser la dette n’aura aucun impact sur l’analyse de DBRS. Mais l’agence note que cela aura pour effet de cristalliser les gains de placement réalisés dans le Fonds et pour conséquence, également, de « contrôler les coûts d’emprunt dans un environnement de taux d’intérêt à la hausse ».
« Un gouvernement de la CAQ respectera la Loi sur la réduction de la dette et son objectif de réduction de la dette brute à 45 % du PIB à la fin de l’année budgétaire 2025-2026 », indique le parti de François Legault dans son cadre financier publié au mois de septembre. L’idée de consacrer un montant important à la dette se fait « dans un souci de prudence après 9 années de rendements exceptionnels sur les marchés boursiers ». Il en résultera selon lui une économie de 195 millions en frais d’intérêt en 2019-2020 et de 139 millions l’année suivante.