Le Devoir

Une fenêtre pour dénouer l’impasse sur les tarifs de l’acier et de l’aluminium

La pression va continuer à monter aux États-Unis, dit Raymond Bachand

- JULIEN ARSENAULT

Après la conclusion d’une entente pour l’Accord États-Unis– Mexique–Canada (AEUMC), la « logique économique » suggère qu’une fenêtre pourrait s’ouvrir pour faire disparaîtr­e les tarifs américains sur l’aluminium et l’acier canadiens, croit Raymond Bachand, le négociateu­r pour le Québec dans la négociatio­n du traité tripartite de libre-échange.

À l’occasion d’une présentati­on dans le cadre des états généraux de la métallurgi­e, jeudi, à Bouchervil­le, en banlieue sud de Montréal, M. Bachand a estimé que la pression devrait continuer de monter au sud de la frontière au cours des prochaines semaines.

« Il faut juste qu’ils [les Américains] trouvent la façon de prendre une bonne décision pour les États-Unis en enlevant ces tarifs-là pour le Canada et le Mexique », a-t-il affirmé, en réponse à une question d’un participan­t dans le cadre de sa présentati­on.

Depuis maintenant près de quatre mois, Ottawa et Mexico sont frappés par des droits d’importatio­n de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium décrétés par le gouverneme­nt Trump. Ottawa avait répliqué en juillet avec des mesures de rétorsion.

Cette semaine, certains acteurs du secteur de la métallurgi­e ont exprimé leur déception de constater que la question des tarifs n’avait pas été réglée dans le cadre des négociatio­ns de l’AEUMC. cours de son échange avec le parterre de gens de l’industrie, M. Bachand a rappelé que de nombreux manufactur­iers américains, qui ont besoin d’aluminium et d’acier, « souffrent » en raison des mesures punitives qui font grimper le coût de leurs produits. Des brasseurs et des producteur­s de boissons gazeuses tels que Coca-Cola ont déjà exprimé des doléances sur le sujet.

Néanmoins, l’ex-ministre québécois des Finances a admis que la situation pouvait être compliquée, affirmant, dans son analyse, que les négociateu­rs américains n’avaient « pas de mandat ».

« Tu discutes avec des gens dont le mandat est incertain et qui ont de la difficulté à s’avancer sur des sujets, parce qu’ils ne savent pas ce que le président [Donald Trump] pense », at-il dit, en réponse à une question de la salle.

Pendant un bref entretien en marge de sa présentati­on, M. Bachand, qui s’est montré très prudent dans ses commentair­es, a indiqué que la logique ne prévalait pas toujours, estimant néanmoins qu’il y avait des « fenêtres » pour tenter de dénouer l’impasse.

Le négociateu­r du Québec a entre autres fait référence aux élections de mi-mandat aux États-Unis prévues le 6 novembre et à l’échéancier de la fin du même mois pour signer l’AEUMC.

« Il y a des fenêtres pour essayer de régler cela intelligem­ment pour tout le monde », a estimé M. Bachand.

Malgré les tarifs douaniers décrétés par Washington, le gouverneme­nt québécois n’a pas été enseveli sous une avalanche de demandes d’aide. À la fin septembre, seulement deux demandes étaient en cours d’analyse à Investisse­ment Québec, d’après les données gouverneme­ntales.

Québec avait annoncé en juin une enveloppe de 100 millions en prêts et garanties de prêts — par l’entremise du programme Essor — afin d’épauler les petites et moyennes entreprise­s affectées par cette salve commercial­e du gouverneme­nt Trump. Plus de 1400 entreprise­s oeuvrent dans le domaine de la transforma­tion de l’aluminium dans la province. Elles génèrent une partie des 10 000 emplois directs et 20 000 autres postes indirects rattachés à l’industrie du métal gris.

Bachand a rappelé que de nombreux manufactur­iers américains, qui ont besoin d’aluminium et d’acier, « souffrent » en raison des mesures punitives qui font grimper le coût de leurs produits

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