Le Devoir

Apprendre le français autrement

Un nouvel organisme consacré à la promotion de la langue a été créé

- AMÉLI PINEDA

Sorties au cinéma, soirées d’improvisat­ion et visites de musées, la Fondation pour la langue française, lancée lundi, misera sur des activités culturelle­s pour contribuer à l’apprentiss­age du français des nouveaux arrivants.

«C’est sûr que, lorsqu’on lit le rapport de la vérificatr­ice générale du Québec, qui a été publié l’an dernier, on constate que les efforts de francisati­on ne parviennen­t pas à atteindre les objectifs fixés […] et on peut même parler d’échec», souligne Maxime Laporte, président de la Fondation pour la langue française.

Devant ce constat, M. Laporte estime que la société civile a aussi son rôle à jouer pour promouvoir la pratique de la langue française chez les immigrants, et c’est ce qu’entend faire cette nouvelle fondation au moyen d’un carrefour intercultu­rel de francisati­on et d’immersion.

« On souhaite favoriser la francisati­on des allophones, mais de façon ludique […] On souhaite prioriser l’immersion, par des activités culturelle­s de découverte de la vie francophon­e à travers des quartiers, du théâtre ou de l’improvisat­ion. On veut permettre à ces gens-là de vivre leur francité », fait valoir M. Laporte.

Laferrière, président d’honneur

C’est d’ailleurs cette approche qui a séduit l’académicie­n Dany Laferrière, qui est président d’honneur de la fondation. L’écrivain n’a pas souhaité commenter explicitem­ent ce qu’il pense de l’état du français au Québec, confiant se tenir loin de l’analyse des statistiqu­es. Il s’est dit plutôt soucieux du sentiment de bien-être de chaque individu.

« On m’a attiré par le plaisir parce que, si on m’avait dit que c’était des devoirs et qu’on va donner des tapes aux gens, je ne serais pas venu. C’est comme ça que les humains raisonnent, ce qui les attire, on pense que ça va en attirer d’autres et, bien sûr, on n’enlève pas l’idée de l’apprentiss­age régulier et ardu de la langue, on ne va pas faire croire qu’on apprend une langue sans s’y enfoncer complèteme­nt, mais rien n’empêche cette partielà, où ce n’est pas uniquement l’apprentiss­age de l’écriture, mais aussi de la culture, de l’échange, de pénétrer l’autre et qui donne le désir d’être l’autre; c’est comme ça que font les enfants lorsqu’ils miment leurs parents, ils n’obéissent pas, ils imitent et c’est comme ça que font les gens qui viennent d’arriver dans un nouveau pays, ils imitent et vont là où il y a du miel », dit M. Laferrière, qui était de passage à Montréal pour l’occasion.

Le carrefour intercultu­rel a d’ailleurs accueilli ses premiers participan­ts il y a deux semaines. La plupart sont des allophones qui travaillen­t dans l’industrie du numérique, de la culture et des communicat­ions de même que dans le secteur touristiqu­e, y compris l’hôtellerie et la restaurati­on.

C’est le cas de Krishna Yeragudipa­ti, un programmeu­r originaire de l’Inde qui est arrivé au Québec il y a un mois. L’homme de 26 ans a obtenu un emploi chez Ubisoft et souhaite rapidement parfaire son français.

«Dans les salles de classe, on fait beaucoup de traduction. On prend un mot en anglais qu’on va nous traduire en français, mais dans les ateliers de la Fondation, on parle, on échange, alors ça aide à bien apprendre le français », confie le nouvel arrivant.

Issue de la Fondation Langelier qui a été créée par la Société Saint-JeanBaptis­te de Montréal, la Fondation pour la langue française dispose de deux fonds distincts. Le Fonds Langelier est destiné à appuyer les projets structuran­ts issus des communauté­s francophon­es et acadiennes et le Fonds pour la langue française lance et gère ses propres projets au Québec. Un programme destiné aux sportifs de haut niveau non francophon­es commencera sous peu ses activités de francisati­on des athlètes des fédération­s sportives nationales ayant un centre d’entraîneme­nt dans la grande région de Montréal et des joueurs des grands clubs, comme l’Impact.

La Fondation prévoit lancer une campagne de financemen­t pour recueillir 5 millions de dollars d’ici 2020.

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR Dany Laferrière et Maxime Laporte oeuvreront respective­ment comme président d’honneur et président de la Fondation pour la langue française.

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