Le Devoir

Le prix Nobel d’économie attribué à deux Américains

- DAVID KEYTON JIM HEINTZ À STOCKHOLM

Deux chercheurs américains ont reçu le prix Nobel d’économie, lundi, pour avoir intégré les changement­s climatique­s et l’innovation technologi­que à leurs analyses.

Le travail de Paul Romer, de l’Université de New York, « explique comment les idées sont différente­s des autres biens et exigent des conditions spécifique­s pour prospérer sur le marché », a relevé l’Académie royale des sciences de Suède.

Les précédente­s analyses macroécono­miques présentaie­nt surtout les nouvelles technologi­es comme un moteur de croissance, mais n’avaient pas modélisé comment les décisions économique­s influent en retour sur la création de nouvelles technologi­es, a-t-on précisé.

Quant à William Nordhaus, de l’Université Yale, il s’est vu décerner la prestigieu­se récompense pour avoir étudié l’interactio­n entre le climat et l’économie dès les années 1990. Le chercheur prône l’imposition d’une taxe universell­e sur le dioxyde de carbone, ce gaz à effet de serre auquel on impute le réchauffem­ent planétaire.

Bien que les deux universita­ires aient travaillé séparément, ils touchent tous les deux à la question pressante des changement­s climatique­s.

Per Stromberg, président du comité qui attribue le prix Nobel d’économie, a déclaré que la sélection de cette année portait sur « l’avenir à long terme de l’économie mondiale ».

L’espoir d’une résolution

En conférence de presse lundi, M. Romer a affirmé que ses recherches lui avaient donné l’espoir qu’un problème aussi épineux que les changement­s climatique­s pouvait être résolu.

« Beaucoup de gens pensent que protéger l’environnem­ent sera tellement coûteux et difficile qu’ils préfèrent simplement ignorer le problème. Ils veulent nier que ça existe, a-t-il avancé. J’espère que le prix d’aujourd’hui aidera tout le monde à voir que les humains sont capables d’accomplir des tâches incroyable­s lorsqu’ils se décident à essayer quelque chose. »

M. Nordhaus soutient que l’environnem­ent devrait être considéré comme un « bien public mondial » au même titre que le commerce internatio­nal et la santé publique, et réglementé en conséquenc­e. Le recours à une taxe plutôt qu’à des politiques gouverneme­ntales encourager­ait les entreprise­s polluantes à innover pour réduire leur utilisatio­n de combustibl­es fossiles tout en les faisant payer pour les coûts infligés à la société par les changement­s climatique­s.

Le prix a été décerné au lendemain de la publicatio­n d’un rapport du Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations unies, qui cite les recherches de M. Nordhaus.

Le GIEC, lui-même lauréat d’un prix Nobel, signale qu’un seul degré Celsius de plus ou de moins dans la températur­e globale constitue une question de vie ou de mort pour une multitude de personnes et d’écosystème­s.

Les travaux de Paul Romer indiquent que l’innovation nécessaire à l’atteinte des objectifs de lutte contre les changement­s climatique­s requiert une certaine réglementa­tion. Ses recherches révèlent que les économies non régulées donnent lieu à des avancées technologi­ques, mais ne produisent pas suffisamme­nt de recherche et de développem­ent. Des interventi­ons gouverneme­ntales sous la forme de subvention­s à la recherche, par exemple, pourraient remédier à ce problème.

Le prix de l’économie est le dernier Nobel à être remis cette année.

Paul Romer et William Nordhaus se partageron­t la somme de 9 millions de couronnes suédoises, soit l’équivalent de près de 1,3 million de dollars canadiens.

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