Hommage à Philippe Couillard
Je n’ai jamais voté pour Philippe Couillard, le trouvant un peu trop fermé aux aspirations légitimes du peuple québécois et insensible à la fragilité de cette petite nation perdue au milieu d’un continent anglophone. Je n’ai pas aimé non plus plusieurs de ses politiques, mais je respecte l’homme droit et intelligent qu’il a toujours été. Et ces qualités se sont de nouveau manifestées avec éclat lors de son discours d’adieu.
Il me semble qu’on n’apprécie pas assez chez M. Couillard l’élégance, la retenue, son ouverture aux aspirations des minorités non plus que cette capacité d’affirmer calmement ses plus profondes convictions sans drames ni coups bas portés à ses adversaires. Ce qui laisse ouverte la possibilité d’un dialogue, aussi difficile soit-il. Au moment de son départ, nous découvrons un homme dont la sensibilité nous avait été cachée durant toutes ses années de vie publique. Voir ce politicien perdre avec dignité et passer le flambeau sans ressentiments excessifs nous console des tristes spectacles qu’offrent certains politiciens au sud et à l’ouest de nos frontières. Cela me conforte dans l’image d’un Québec qui, malgré les tensions qui l’habitent, réussit à maintenir un espace commun où les gens peuvent se parler et peut-être même quelquefois se comprendre.
Le hasard a voulu que j’écoute les paroles du premier ministre juste après avoir vu l’émission animée par Pénélope McQuade nous révélant la brutalité vulgaire des trolls sur Internet. Quel contraste ! Il est rassurant de voir qu’à côté de cette lie nauséabonde, il y a dans notre société des gens qui sont aux antipodes de ces nouveaux barbares.
Monsieur Couillard, vous demandez aux Québécois de vous comprendre et de vous laisser prendre congé en paix. Voilà exactement ce que je vous souhaite : une paix bien méritée éclairée par votre satisfaction d’avoir servi le Québec avec compétence et authenticité. Ronald Albert Boucherville, le 5 octobre 2018