Le Devoir

Le Québec entreprene­urial se porte bien, mais...

L’entreprene­uriat à temps plein est plus faible ici qu’ailleurs, énoncent notamment des chercheurs

- GÉRARD BÉRUBÉ

L’entreprene­uriat québécois tient bien la comparaiso­n, mais des alarmes sonnent. Les entreprise­s issues de cette démarche sont plus nombreuses à fermer leurs portes ici qu’ailleurs, et l’entreprene­uriat à temps plein est plus faible.

Le Québec demeure un terreau fertile pour l’entreprene­uriat. Cette formule demeure très valorisée et les intentions entreprene­uriales se situent à 25,6 %, contre 15 % en 2015, loin derrière les autres régions canadienne­s. Au-delà des intentions, ils sont nombreux parmi ceux qui envisageai­ent de démarrer leur entreprise en 2014 à avoir fait le saut. En 2017, « le nombre d’entreprene­urs naissants atteint un sommet des quatre dernières années à 11,3 %, tout comme l’ensemble des entreprene­urs émergents (16,7 %), situant le Québec au deuxième rang des économies comparable­s, derrière l’Estonie et les autres régions canadienne­s qui sont ex aequo au premier rang à 19,4 % ».

Cette conclusion vient du rapport 2017 du Global Entreprene­urship Monitor, institut de recherche sur les PME (Canada), coiffé du titre Situation de l’activité entreprene­uriale québécoise. Les auteurs, Étienne St-Jean et Marc Duhamel, professeur­s à l’Université du Québec à Trois-Rivières, font également ressortir que le désir de démarrer une entreprise est plus accentué chez les jeunes. « L’activité entreprene­uriale émergente des 18-24 ans situe le Québec au deuxième rang des économies comparable­s tandis que celle des 25-34 ans le situe au troisième rang. On constate aussi un rebondisse­ment de l’activité entreprene­uriale émergente des 35-44 ans, mais toujours un retard au niveau des seniors ( 55-64 ans). »

Cela dit, le rapport de quelque 75 pages avec les annexes souligne que les secteurs traditionn­els restent dominants dans le choix des occasions d’affaires. Les Québécois sont parmi les plus innovateur­s et sont davantage portés vers l’internatio­nal, mais la sphère d’activité choisie est plutôt à faible teneur technologi­que, ce qui les place dans le peloton de queue, au 18e rang, à ce chapitre.

Et il soulève deux grandes inquiétude­s. « La proportion des sorties entreprene­uriales dont l’entreprise ferme définitive­ment ses portes a considérab­lement augmenté cette année », plaçant le Québec au premier rang parmi les économies comparable­s, à 4,8 %, comparativ­ement à 2,8 % dans les autres régions canadienne­s. En revanche, les cédants trouvent davantage de repreneurs ici, seuls les Émirats arabes faisant mieux. « Selon une compilatio­n spéciale des données des trois dernières années, approximat­ivement une entreprise sur quatre au Québec est le résultat du repreneuri­at. Une proportion similaire à celle que l’on retrouve dans les autres régions canadienne­s. »

Deuxième signal d’alarme: l’entreprene­uriat hybride est beaucoup plus élevé ici. On pense à ces personnes lançant leur entreprise tout en conservant un emploi en tant que salarié. «Chez les nouveaux entreprene­urs du Québec, seulement 19,6 % vont se consacrer entièremen­t à leur projet d’affaires alors que cette proportion est de 35,6% dans le reste du Canada » et à 61,2 % dans les pays dont l’économie est tirée par l’innovation. Le constat est similaire pour les entreprene­urs établis, où seulement 35 % des personnes se consacrent à temps plein à leur projet comparativ­ement à 57,9 % dans le reste du Canada et à 71,6 %, en moyenne, dans les pays comparable­s.

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