Le Devoir

Pour un marché baissier

- GÉRARD BÉRUBÉ

Ce tte phase haussière en Bourse est à ce point longue, principale­ment aux ÉtatsUnis, qu’on oublie que les correction­s sont normales, voire saines. Ces reculs ont aussi ceci de positif qu’ils ramènent l’investisse­ur à revoir son portefeuil­le et son approche.

Le S&P 500, indice de référence de la Bourse de New York, vient de connaître sa pire séquence baissière depuis février. Il termine la semaine en repli de 4 %. À Toronto également, le S&P/TSX a encaissé un revers de 3,3 %. Les attaques répétées de Donald Trump contre la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine ont fait du bruit.

Une économie vigoureuse soutenue par des marchés du travail tendus, des réductions d’impôt et des rachats d’actions records a propulsé les bénéfices par action à un niveau inégalé, nous disent les analystes de la Banque Nationale. Mais tout est déjà escompté, même le mouvement haussier du loyer de l’argent. Or ce qui a changé cette semaine c’est la prise en compte du risque de voir la Réserve fédérale délaisser le scénario d’une hausse progressiv­e des taux directeurs pour enclencher une action plus rapide.

Avec une relation inverse entre le ratio cours-bénéfice du marché et le taux des bons du Trésor américains sur dix ans, le réajusteme­nt des cours boursiers devient plus structurel que conjonctur­el. Et si, par surcroît, un ralentisse­ment d’une économie plombée par cette guerre commercial­e s’ajoute aux anticipati­ons, il devient difficile de croire en la durée de cette phase haussière historique en Bourse. Le risque a dépassé le rendement potentiel.

Plusieurs véhicules ou stratégies permettent d’ajuster les portefeuil­les à un contexte boursier baissier. Voici un petit rappel, non exhaustif.

L’approche la plus spéculativ­e emprunte à la vente à découvert puis au recours à des stratégies d’option de vente, notamment sur fonds indiciels. Il a également déjà été mentionné l’arrivée des Fonds négociés en Bourse (FNB) à rendement inverse, qui réagissent à l’opposé de leur indice de référence. Mais ce ne sont là que des polices d’assurance, qui deviennent un coût parfois élevé si l’événement ne se produit pas.

Suivent les FNB à faible volatilité, capables de livrer la marchandis­e en période de contractio­n. Selon les données historique­s compilées par BMO Gestion d’actifs, ils peuvent capter entre 70 % et 90 % de la hausse de l’indice de référence, mais entre 35 % et 60 % de la baisse, a-t-il déjà été écrit.

Également, les fonds de dividendes et les stratégies d’options d’achat couvertes résistent généraleme­nt mieux à une baisse des cours. Les FNB de dividendes, notamment, jouent ce rôle à moindres frais, offrant une protection en cas de baisse tout en produisant un revenu plus élevé et plus avantageux sur le plan fiscal en misant sur des entreprise­s stables et en pleine maturité. Mais ils sont moins efficaces. On dit qu’ils capturent, en moyenne, 65 % de la baisse et 75 % des reprises boursières. Et qu’ils sont plus sensibles à la remontée du loyer de l’argent.

Achat sur faiblesse

Mais cela dit… un survol du S&P sur la période 1950-2014 a permis de noter 65 épisodes de baisses de l’indice s’étendant sur plus d’une séance de suite. Soit l’équivalent d’un recul notoire par année. Mais sur une base de rendement annuel, le S&P 500 a enregistré seulement cinq années de baisse depuis 1990. On peut également lire qu’une chute de plus de 20 % du S&P 500 a porté sur seulement 17% des années, ces correction­s ayant été concentrée­s en période de fortes tensions ou de crise, comme celles du début des années 2000 et de 2008.

Ces mouvements de hauts et de bas militent en faveur d’une approche favorisant la diversific­ation bien dosée

Bref, ces mouvements de hauts et de bas, plutôt normaux sur le marché boursier, militent en faveur d’une approche favorisant la diversific­ation qui bien dosée — trop de diversific­ation tue le rendement — vient atténuer l’impact des replis et de la volatilité. Favorisant aussi les titres moins volatils ou plus défensifs qui, sur du long terme, obtiennent un meilleur rendement que l’ensemble du marché. Leur valeur baisse souvent moins pendant les périodes de recul.

Et d’une stratégie misant sur l’achat sur faiblesse. On en revient toujours à la même conclusion, soit à cette vieille mais efficace méthode de la moyenne d’achat. Certes, dans un marché haussier, le coût moyen sera inférieur au prix courant sur une période donnée. Mais dans un marché baissier, le risque est amoindri par l’achat d’un plus grand nombre de titres à un prix plus bas.

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