Gérer l’eau de pluie autrement
Les biorétentions végétalisées, une phytotechnologie utilisée sur l’avenue Papineau
Vous vous êtes peut-être déjà demandé à quoi servaient les bassins végétalisés rectangulaires en enfilade du côté est de l’avenue Papineau au nord du boulevard Métropolitain. Cet aménagement est un projet-pilote de gestion des eaux de pluie de la Ville de Montréal. Cette phytotechnologie, déjà utilisée dans quelques villes nord-américaines, a l’avantage de verdir et coûte en sus moins cher que les solutions traditionnelles de surdimensionnement des égouts.
La situation
À Montréal, les deux tiers du réseau des égouts sont unitaires, ce qui implique que les eaux usées sont mêlées aux eaux de ruissellement. Seul l’ouest de l’île est desservi par un système séparatif. Sur l’avenue Papineau, comme sur plusieurs avenues à Montréal, on peut l’imaginer, le collecteur d’égout est aux prises avec une saturation chronique et des épisodes réguliers de débordement. Dans le cadre d’un réaménagement de cette avenue, il a donc été décidé d’intégrer ce projet-pilote au projet du parc du Centre environnemental Saint-Michel.
Comment ça fonctionne ?
Au lieu de ruisseler vers l’égout, l’eau est dirigée vers les bassins de biorétention végétalisés. En réduisant la vitesse de cette eau, les bassins lui permettent de s’infiltrer et de diminuer aussi son volume. L’eau est du même coup filtrée par les microorganismes du sol et les plantes, et donc décontaminée.
Sur une base annuelle, selon les types de bassin, le taux d’infiltration varie. Il va de 85 % du volume d’eau, si le système est à infiltration complète, à 39 % pour des bassins de rétention végétalisés. Sur l’avenue Papineau, la Ville a fait le choix de concevoir 15 bassins de rétention végétalisés et 25 en biorétention avec infiltration. Chaque bassin fait 30mètres. L’ensemble du projet couvre donc deux kilomètres, faisant de cet aménagement le plus grand de ce type à Montréal.
En outre, un des volets intéressants du projet-pilote est son suivi sur trois ans qui permettra d’observer l’évolution des différents substrats testés, des plantes et des infrastructures sous notre climat. L’information sera disponible sur une plateforme publique et fera avancer les connaissances dans le domaine, fort utiles pour l’ensemble de la communauté des spécialistes et du grand public intéressés par cette phytotechnologie.
Les biorétentions, l’avenir ?
On verra de plus en plus de biorétentions végétalisées dans le paysage urbain. Et ce pour plusieurs raisons: leur coût de construction beaucoup plus faible que celui du surdimensionnement des égouts, leur capacité à décontaminer, leur aide dans la réduction des îlots de chaleur, leur intégration paysagère, etc. Elles sont un excellent outil pour rendre nos villes plus résilientes aux changements climatiques.
Dans un autre ordre d’idée, la requalification de l’avenue, du point de vue du verdissement, est un succès remarquable avec la plantation de 450 arbres et de 20 000 arbustes et vivaces qui l’embellissent et participent à diminuer cet îlot de chaleur et à améliorer la qualité de l’air.