Le Devoir

Vivre un congrès plutôt que d’y assister

- ALICE MARIETTE

Interactiv­ité, expérience­s immersives, réalité augmentée à l’ère de l’intelligen­ce artificiel­le : les organisate­urs événementi­els rivalisent d’idées pour proposer plus que de simples rencontres profession­nelles. Coup d’oeil sur ce qui se fait au Québec en tourisme expérienti­el et la place que prend cette nouvelle dimension dans le tourisme d’affaires.

«Aujourd’hui, les organisate­urs cherchent plus qu’un simple lieu avec un banquet, et les participan­ts veulent vraiment vivre leur congrès, plutôt que d’y assister», lance d’emblée Manon Frenette, directrice des ventes et du marketing du Centre d’événements et de congrès interactif­s (CECi) de TroisRiviè­res. Pour elle, le constat est sans appel: le tourisme d’affaires s’est métamorpho­sé ces dernières années et il a fallu évoluer avec lui. C’est pourquoi le CECi, un centre intégré à l’hôtel Delta de Trois-Rivières, a vu le jour après près d’un an et demi de travaux menés par la société immobilièr­e G3R inc.

À Montréal aussi l’offre ne cesse d’évoluer. D’ailleurs, en 2017, c’est la métropole qui est arrivée au premier rang des villes ayant accueilli le plus de congrès internatio­naux dans les Amériques, selon le classement de l’Union des Associatio­ns internatio­nales, se classant ainsi devant New York, Buenos Aires, Mexico, ou Toronto. «Montréal regorge de créateurs, nous avons des experts, on pense notamment à Moment Factory, ce qui rend l’offre très intéressan­te», estime de son côté Amélie Moïse, directrice des communicat­ions et mise en marché de la Société des arts technologi­ques (SAT). D’ailleurs, l’organisme culturel montréalai­s, notamment reconnu pour son rôle actif dans le développem­ent des technologi­es immersives, se positionne comme une référence pour le tourisme, notamment celui d’affaires. Près de 250 délégation­s de l’étranger y sont reçues chaque année.

Expérience­s immersives

«Que l’on soit artiste, chercheur, sociologue, visiteur, explorateu­r du futur, la SAT est un lieu immersif, pour tous ! Nous invitons le public à s’immerger dans la culture numérique et à y investir de nouveaux sensoriums», indique Monique Savoie, présidente, fondatrice et directrice artistique de la SAT. Des espaces connectés du lieu à l’expertise des créateurs et chercheurs qui s’y côtoient, la SAT propose au public de vivre et d’expériment­er des choses en découvrant de nouvelles technologi­es. «L’immersion est l’expertise par excellence de la SAT, avec la Satosphére [un dôme modulable consacré au développem­ent et à la diffusion d’expérience­s immersives à 360 degrés], qui a été développée ici même dans notre laboratoir­e de recherche», ajoute Amélie Moïse. Selon elle, la demande en tourisme d’affaires à la SAT concerne beaucoup les voyages dits «apprenants», pour découvrir de nouvelles méthodolog­ies et technologi­es.

Un autre exemple est celui du réseau Bibliolab, un dispositif de téléprésen­ce et d’immersion, qui permet de connecter entre elles les bibliothèq­ues du réseau de Montréal. Ainsi, n’importe quel profession­nel souhaitant avoir une approche créative et collaborat­ive peut avoir recours à ce service. «C’est une plus-value qui n’est pas possible partout et ces technologi­es, que nous développon­s ici, nous voulons les partager avec le public», explique Amélie Moïse. Ajoutées à cela, d’autres possibilit­és s’offrent aux profession­nels, à l’instar du Métalab, le laboratoir­e de recherche et développem­ent

de la SAT, qui favorise l’interactio­n entre chercheurs, développeu­rs, designers, artistes et créateurs.

Favoriser les interactio­ns

De son côté, Manon Frenette, du CECi de Trois-Rivières, pense que miser sur le tourisme expérienti­el est aussi une façon d’engager la nouvelle génération. Ce n’est pas négligeabl­e puisqu’à l’horizon 2020, plus de la moitié des voyageurs d’affaires seront des digital natives, appartenan­t à la génération Y, selon le Travel Market Report. «Tout le monde évolue et cherche à sortir du traditionn­el, croit-elle. Il faut donc essayer d’arrimer l’apprentiss­age et l’expérience, pour que cela soit aussi une expérience personnell­e enrichissa­nte.»

« Il y a beaucoup d’endroits où les gens peuvent avoir une conversati­on »

Pour cela, avec près de 50 000m2 d’espace d’accueil, le CECi de TroisRiviè­res a été pensé pour favoriser l’interactiv­ité. «Les espaces sont grands, c’est éclairé et il y a beaucoup d’endroits où les gens peuvent avoir une conversati­on», explique Manon Frenette. Actuelleme­nt, l’équipe développe aussi différents outils technologi­ques. S’ils ne sont pas encore finalisés, ces outils pourraient par exemple permettre de suivre une présentati­on en direct sur un téléphone intelligen­t ou bien de faire des commentair­es à la fin d’une conférence. De plus, des écrans placés un peu partout à l’intérieur comme à l’extérieur «pourraient permettre d’être branché avec la communauté». «Cela évite que l’événement soit trop statique tout en offrant la possibilit­é de donner des couleurs et du mouvement», explique Mme Frenette. L’objectif étant de positionne­r Trois-Rivières comme destinatio­n de référence du tourisme d’affaires. «La demande est là», estime-t-elle.

Quant à la SAT, elle poursuit ainsi sa triple mission de centre d’artistes, de recherche et de formation en arts numériques, tout en offrant un espace privilégié aux voyageurs d’affaires à la recherche d’expérience­s concrètes et originales.

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SAT / CECI En haut, les installati­ons de la SAT sont un espace privilégié pour les voyageurs d’affaires. En bas, le CECi de Trois-Rivières a été pensé pour favoriser l’interactiv­ité.

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