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Plusieurs grandes villes du Québec veulent une exemption pour en permettre la consommati­on dans leurs rues

- MARIE VASTEL CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À OTTAWA

Alors que la mairesse de Montréal laisse entendre qu’elle réclamera une exemption à Québec pour permettre la consommati­on de cannabis dans ses rues, le nouveau gouverneme­nt de la CAQ prévient qu’il n’a pas l’intention de faire de compromis.

C’était au tour de Gatineau vendredi de détailler les paramètres qui s’appliquero­nt à la consommati­on de cannabis sur son territoire. Et tout comme Montréal, la Ville de Gatineau prévoit de la permettre sur la place publique. Seules exceptions : les terrains scolaires et hospitalie­rs, les terrains sportifs et de jeux, les terrasses, les pistes cyclables et les aires d’attente d’autobus.

Les employés de la Ville ne pourront pas non plus consommer sur les lieux de travail ni se présenter au boulot avec les facultés affaiblies.

La veille, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, annonçait elle aussi qu’elle souhaite autoriser la consommati­on de cannabis — mis à part dans les quelques arrondisse­ments qui s’y opposent — partout où fumer le tabac est déjà permis (trottoirs, parcs, mais pas près des terrains de jeu pour enfants ou des entrées d’immeubles).

Les villes de Trois-Rivières, Shawinigan et Rimouski prévoient également de permettre la consommati­on de cannabis en public.

La CAQ pas favorable

Or, le nouveau gouverneme­nt de François Legault a promis de modifier l’encadremen­t prévu à la légalisati­on du cannabis, pour hausser l’âge de consommati­on à 21 ans plutôt que 18 et restreindr­e la consommati­on de cannabis pour qu’elle soit confinée aux résidences privées.

« Un gouverneme­nt de la CAQ va interdire la consommati­on de cannabis dans tous les lieux publics, en adoptant un cadre réglementa­ire uniforme pour le Québec », martelait le parti mi-septembre, en campagne électorale.

Et cet objectif d’uniformité n’a pas changé, a argué le cabinet de François Legault vendredi. « On n’est pas favorables à accorder des exemptions à certaines villes », a tranché Ewan Sauves, l’attaché de presse du cabinet du premier ministre désigné.

Le projet de loi caquiste en ce sens fera l’objet d’une étude en bonne et due forme, a indiqué M. Sauves au Devoir, et les villes seront consultées lors de l’étude de la propositio­n en commission parlementa­ire. Mais l’attaché politique a fait valoir que la CAQ voulait « mettre un terme » à la « confusion » créée par les diverses réglementa­tions appliquées à l’échelle du Québec.

La mairesse Plante avait plaidé jeudi qu’elle ne cherchait pas la « confrontat­ion avec le gouverneme­nt ». Mais elle avait du même souffle prévenu qu’elle tenterait de le convaincre d’accepter son approche.

« Il est certain qu’on va inviter le gouverneme­nt à prendre en considérat­ion toutes les recherches et données mises en place au cours des dernières années», avait-elle indiqué.

La conseillèr­e municipale de Gatineau, Renée Amyot, a à son tour affirmé vendredi qu’une interdicti­on complète du cannabis sur la place publique nuirait à la santé publique puisque les consommate­urs seraient contraints de fumer à l’intérieur de leur domicile et contaminer­aient ainsi les autres résidents avec leur fumée secondaire.

« Comme on pense que ça relève de l’autonomie municipale, nous, on est prêts à aller défendre notre position », a prévenu Mme Amyot en entretien avec Le Devoir.

Le resserreme­nt de la légalisati­on du cannabis fait partie des priorités du nouveau gouverneme­nt de la CAQ , a réitéré M. Sauves, sans toutefois préciser à quelle date le gouverneme­nt caquiste espérait faire adopter sa refonte de la loi. D’ici là, les consommate­urs québécois pourront s’acheter du cannabis dès l’âge de 18 ans et pourront le fumer dans les rues des villes qui l’auront permis.

Permise partout en Ontario

Dans la province voisine, en Ontario, Doug Ford a promis de permettre la consommati­on de cannabis sur la place publique partout où il est autorisé de fumer le tabac.

L’ancien gouverneme­nt libéral de Kathleen Wynne avait prévu de l’interdire, mais le nouveau premier ministre progressis­te-conservate­ur a infirmé cette décision.

M. Ford a en outre annoncé, au mois d’août, que le cannabis serait vendu par des détaillant­s du secteur privé — délaissant ainsi le modèle prévu par Mme Wynne qui devait être géré par le gouverneme­nt, comme ce sera le cas au Québec avec la Société québécoise du cannabis. Le changement de cap de M. Ford entraînera toutefois des retards et les magasins de cannabis ne seront pas prêts avant le printemps prochain.

La Ville d’Ottawa n’a pas décidé si elle restreindr­ait les règles de consommati­on. En vertu des règlements municipaux, il est permis de fumer la cigarette — et le cannabis, à compter de mercredi — dans les lieux publics à l’exception des parcs, des terrains municipaux et des plages de la ville.

Ottawa est en pleine élection municipale et il reviendra au prochain conseil municipal, après l’élection du 22 octobre, de déterminer s’il encadre davantage la consommati­on de marijuana sur son territoire.

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DARRYL DYCK LA PRESSE CANADIENNE À l’instar de Montréal et d’autres municipali­tés du Québec, la ville de Gatineau prévoit de permettre la consommati­on de cannabis en public.

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