Le Devoir

« On sait à quelle enseigne il loge »

La nomination de Simon Jolin-Barrette au ministère de l’Immigratio­n ne provoque pas de surprise

- LISA-MARIE GERVAIS

Il n’y a pas de très grande surprise devant la nomination de Simon JolinBarre­tte comme ministre de l’Immigratio­n, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI). Au contraire. En raison des dossiers, notamment la laïcité, que ce député réélu dans Borduas a portés alors qu’il était dans l’opposition, le milieu de la diversité sait plutôt à quoi s’attendre.

« On sait à quelle enseigne il loge », a dit Émilie Nicolas, cofondatri­ce de Québec inclusif, faisant référence aux déclaratio­ns du député sur l’interdicti­on du port de signes religieux pour les personnes en situation d’autorité.

« Il y a des organismes, des syndicats qui se sont déjà déclarés contre sa position. […] La Ville de Montréal aussi. Je sens que son mandat ne sera pas facile, car il y aura des gens sur son chemin. »

Mme Nicolas s’est inquiétée du manque d’ancrage de la Coalition avenir Québec à Montréal, berceau et lieu de vie de cette diversité.

« Le MIDI, peut-être avec le ministère des Finances, est un des seuls basés à Montréal, dont la réalité se vit principale­ment ici. C’est un gouverneme­nt qui n’est pas nécessaire­ment là pour gouverner pour tous les Québécois, craint-elle. Ça pose la question de savoir s’il y aura véritablem­ent une écoute. »

La Table de concertati­on des organismes au service des réfugiés et des immigrants (TCRI) donnera une chance au coureur, qui est l’homme de confiance de M. Legault et qui occupera également la fonction de leader parlementa­ire. D’autant qu’il est rare qu’un ministre de l’Immigratio­n ait autant de pouvoir, souligne Stephan Reichhold, directeur de la TCRI.

« C’est plutôt bon pour attirer l’attention sur des dossiers et aller chercher des ressources. On a vu des ministres de deuxième zone [occuper cette fonction], mais lui, ça risque d’être un avantage. »

Il déplore que le côté humanitair­e, soit le parrainage et l’accueil des réfugiés, ne semble toutefois pas faire partie du discours du nouveau ministre.

La TCRI se dit préoccupée par le fait de ramener la question de la laïcité dans les mains de la personne qui gérera les dossiers de l’Immigratio­n. « On ne voit pas vraiment le lien », a dit M. Reichhold.

Le nouveau gouverneme­nt a été élu avec une grande majorité, ce qui veut dire que les Québécois et Québécoise­s ont de grandes attentes. Ça tombe bien. Moi aussi […] Il faut que l’on travaille ensemble, et pour » moi, c’est très clair que M. Legault le comprend. VALÉRIE PLANTE, MAIRESSE DE MONTRÉAL

Newspapers in French

Newspapers from Canada