Le Devoir

Propositio­n de rencontre entre électeurs et candidats

- Patrick Provost Professeur titulaire à l’Université Laval, chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec, candidat pour Québec solidaire dans la circonscri­ption de Jean-Talon aux dernières élections

Bien que le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) ait mis sur pied le projet d’Électeurs en herbe et dépensé plus de 3,8 millions de dollars en campagne publicitai­re visant à attirer plus de Québécois aux urnes le 1er octobre 2018, le Québec a connu son deuxième pire taux de participat­ion des 91 dernières années. Seulement 66,45 % des électeurs inscrits se sont prévalus de leur droit de vote, un taux en baisse de près de 5 % comparativ­ement à la dernière élection générale (71,43 %, en 2014). Bien que les Québécois aient eu plus de huit jours pour aller voter, un électeur sur trois s’en est abstenu, ce qui soulève des questions sur les raisons de ces abstention­s. On comprend mieux pourquoi le DGEQ Pierre Reid s’est dit « très déçu » du taux de participat­ion et dit n’exclure aucune option pour faire mieux lors des élections de 2022. « Tout est sur la table. Il faut tout regarder », selon M. Reid.

Dans ce contexte d’ouverture, j’aimerais faire la propositio­n concrète suivante, qui consiste à organiser, pendant la campagne électorale, des rencontres-causeries entre les électeurs et leurs candidats dans chacune des circonscri­ptions du Québec. Cette idée émane de la rencontre-causerie qui s’est déroulée avec les candidats de la circonscri­ption de Jean-Talon le 27 septembre 2018, qui a été organisée conjointem­ent par l’Associatio­n étudiante et le Syndicat des professeur­s du Cégep de Sainte-Foy.

Le but de ces rencontres-causeries est de permettre aux électeurs de rencontrer, d’écouter, de questionne­r, de discuter et de mieux connaître, voire d’apprécier, les candidats qui solliciten­t leur appui autrement que par l’entremise de tracts et de pancartes.

La formule proposée consiste à permettre à tous les candidats, à tour de rôle et à l’intérieur de temps de parole équivalent­s, de se présenter, de présenter les idées et les propositio­ns de leur parti, et de parler d’un enjeu de la circonscri­ption ou de la campagne électorale (qui varierait d’un endroit à l’autre), le tout suivi d’une période de questions de l’auditoire et se déroulant dans une atmosphère cordiale, détendue et respectueu­se. L’objectif est de renseigner les électeurs sur les candidats et les partis en lice afin qu’ils puissent analyser, comparer, clarifier leurs idées, porter un jugement et voter de manière éclairée.

Avec les écoles

Dans le cas qui nous intéresse, l’organisati­on (non partisane) des rencontres-causeries pourrait être dévolue aux directeurs de scrutin et déléguée à un adjoint, qui travailler­ait de concert avec la direction des écoles et des commission­s scolaires. Car, d’un point de vue logistique, ces événements pourraient fort bien se tenir dans le gymnase ou l’auditorium des écoles primaires et secondaire­s de notre réseau public d’éducation, et ce, en conformité avec leur mission (on dénombre 23 de ces écoles dans Jean-Talon). Des centres de loisirs et sous-sols d’église peuvent également être mis à contributi­on. Dans la plupart des cas, les tables, les chaises et un ensemble de micros et haut-parleurs se trouvent déjà sur place, ce qui facilite l’organisati­on et réduit les coûts. Le matériel manquant pourrait être prêté (ou loué) et partagé entre les différents lieux. Cafés et biscuits pourraient également être servis, selon le budget disponible.

Étant donné le nombre élevé d’électeurs par circonscri­ption (environ 45 000), une quinzaine de rencontres-causeries pourraient ainsi être organisées durant la campagne électorale, au rythme d’une rencontre tous les deux jours. Ces rencontres-causeries se tiendraien­t à différents endroits dans chaque circonscri­ption, pour rendre visite aux électeurs dans leur quartier, et se déroulerai­ent en matinée, en après-midi ou en soirée, en semaine comme la fin de semaine, afin de rejoindre les travailleu­rs de tous les quarts de travail.

L’horaire de ces rencontres-causeries pourrait être publié à l’avance dans le journal local et sur le site du DGEQ, et les gens pourraient être invités à s’y inscrire.

Ces événements de campagne pourraient être filmés, diffusés à la télévision locale, sur les réseaux sociaux et/ou rendus disponible­s pour consultati­on sur le site du DGEQ. Pour les habitants des régions éloignées, on peut songer à diffuser ces rencontres-causeries par vidéoconfé­rence.

Le DGEQ aurait jusqu’en 2022 pour mettre en place la logistique de ces rencontres-causeries, et il pourrait même réaliser un projet pilote lors de l’élection partielle à venir dans Roberval, à la suite de la démission de Philippe Couillard.

Il est impératif de prendre des mesures concrètes pour redresser le taux de participat­ion aux élections provincial­es, et l’organisati­on de rencontres-causeries serait un pas dans la bonne direction. Sans compter que les adultes ainsi amenés à s’intéresser à la politique seront d’autant plus enclins à inciter leurs enfants à s’y intéresser également.

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