Le Devoir

Les emprunteur­s se sont ajustés à la nouvelle réalité hypothécai­re

- IMMOBILIER GÉRARD BÉRUBÉ

Les emprunteur­s hypothécai­res se sont ajustés aux nouvelles conditions du marché immobilier. Et les trois quarts d’entre eux se disent convaincus de faire face à leurs engagement­s dans ce contexte de hausse des taux et de resserreme­nt des conditions d’accès à la propriété.

Dans son enquête annuelle, la Société canadienne d’hypothèque­s et de logement (SCHL) a sondé en ligne 4000 emprunteur­s récents. L’exercice a été mené en avril dernier auprès de répondants ayant réalisé une transactio­n hypothécai­re dans les douze mois précédents. Le mouvement de hausse du loyer de l’argent amorcé en juillet 2017, combiné au resserreme­nt des règles hypothécai­res, n’est pas étranger au fait que 85 % des accédants à la propriété affirment avoir payé le prix maximal qu’ils pouvaient se permettre pour leur habitation.

Mais il y a eu ajustement. «Un peu plus de la moitié (52%) des acheteurs connaissai­ent les dernières règles d’admissibil­ité au crédit hypothécai­re. Parmi les accédants à la propriété, environ un sur cinq a indiqué que les nouvelles règles hypothécai­res avaient eu une inci- dence sur sa décision d’achat. La plupart de ces accédants à la propriété ont décidé de réduire leurs dépenses non essentiell­es, d’acheter une habitation plus petite ou d’utiliser leur épargne pour augmenter leur mise de fonds », peuton lire dans les faits saillants de l’enquête. Et il y a eu incidence chez les millénaria­ux. Les 25-34 ans composaien­t la moitié des accédants à la propriété, contre 60 % en 2017. Pour leur part, les nouveaux arrivants au Canada comptaient pour 22 % des accédants.

Le prix ou l’abordabili­té demeure l’élément décisionne­l clé, surpassant de loin d’autres considéran­ts, comme le type de quartier, la proximité du travail et l’état général de la propriété. Et si l’incertitud­e ressentie au moment de l’achat diminue de trimestre en trimestre, « 37 % des acheteurs se déclaraien­t encore inquiets ou incertains pendant ce processus ». La SCHL ajoute que plus de 50 % des acheteurs inquiets ont déclaré craindre de payer trop cher pour leur logement. Et près du tiers d’entre eux craignaien­t une hausse des taux d’intérêt ou un resserreme­nt des règles d’admissibil­ité au crédit hypothécai­re.

Une fois ces craintes exprimées, 76 % des répondants estiment qu’ils seront en mesure de respecter leurs obligation­s hypothécai­res. Aussi, 60 % des accédants et 69 % des acheteurs déjà propriétai­res ont précisé qu’ils disposaien­t de suffisamme­nt d’avoirs, sous forme de placements ou d’autres biens, pour subvenir à leurs besoins en cas de difficulté­s financière­s. D’autant qu’ils sont confiants dans leur décision entourant l’achat d’une maison et le financemen­t. Ainsi, «80% des acheteurs estiment que l’achat d’une propriété reste un bon placement à long terme et 66 % croient que la valeur de leur habitation va augmenter au cours des 12 prochains mois », souligne l’enquête de la SCHL.

La Banque du Canada a haussé son taux directeur à quatre reprises depuis juillet 2017 pour élever le taux cible à un jour à 1,5 %. Une nouvelle augmentati­on, de 25 points, est attendue la semaine prochaine. Ce taux influence le taux préférenti­el des banques et les taux hypothécai­res variables.

Rappelons que depuis janvier, même pour une mise de fonds d’au moins 20 % permettant de se soustraire à l’assurance hypothèque, les acheteurs potentiels doivent démontrer qu’ils peuvent acquitter leur hypothèque au taux admissible le plus élevé entre le taux hypothécai­re contractue­l majoré de deux points de pourcentag­e et le taux de référence de cinq ans affiché par les grandes banques, publié par la Banque du Canada. Ce taux de référence est à 5,34 % présenteme­nt.

Le prix ou l’abordabili­té demeure l’élément décisionne­l clé, surpassant de loin d’autres considéran­ts, comme le type de quartier, la proximité du travail et l’état général de la propriété

Newspapers in French

Newspapers from Canada