Le Devoir

Les médecins n’ont pas été informés du problème des doses incomplète­s

- ALEXIS RIOPEL

Lundi, les associatio­ns médicales ont appelé à une clarificat­ion rapide dans le dossier des traitement­s de chimiothér­apie administré­s de manière incomplète, révélé le matin même par Le Devoir. Les patients doivent être rassurés au plus vite, affirment-ils, et cela commence par une plus grande transparen­ce du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.

Des patients atteints de cancer n’ont pas reçu la dose entière de chimiothér­apie par intraveine­use qui leur avait été prescrite parce qu’une partie du médicament est restée dans les tubulures, confirmait il y a quelques jours le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) au Devoir, qui assurait toutefois qu’aucun patient n’avait subi « d’effets négatifs » et que la situation avait été corrigée depuis le mois d’août avec un nouveau protocole d’administra­tion des soins.

Or, la Fédération des médecins spécialist­es du Québec (FMSQ ) et l’Associatio­n des médecins hématologu­es et oncologues du Québec (AMHOQ ) n’étaient pas au courant du problème avant lundi matin.

« Actuelleme­nt, on sait très peu de choses, se désole Martin A. Champagne, le président de l’AMHOQ. Les patients sont en droit de savoir. Pour l’instant, c’est très nébuleux, et mon plus grand regret, c’est le manque de transparen­ce », ajoute-t-il.

Même constat à la FMSQ, qui ne sait toujours pas quels établissem­ents ou quels médicament­s sont touchés. « C’est un problème qui avait été soulevé ailleurs au pays cet été, explique Jacques Tétrault, un porte-parole. Toutefois, comme les médecins québécois n’avaient obtenu aucune informatio­n de la part du ministère, ils avaient tenu pour acquis que ce n’était pas un enjeu ici. »

Et s’il semble que le problème n’ait pas eu de conséquenc­es notables sur la qualité des soins prodigués, la présidente de la FMSQ, Diane Francoeur, réclame quand même les détails au plus vite. « Nous exigeons que la Direction générale de cancérolog­ie [du MSSS] fasse la lumière auprès des patients, de leur famille et des médecins spécialist­es dès maintenant », écrivait-elle dans un courriel envoyé aux membres de la Fédération lundi matin.

Pas de problème systématiq­ue

Se voulant rassurant, Martin A. Champagne estime toutefois que le problème est loin d’être systématiq­ue.

S’il s’agit bien de traitement­s de chimiothér­apie par immunothér­apie — ce que le MSSS n’a pas confirmé, mais qui a été le cas en Ontario, au Nouveau-Brunswick et au Manitoba —, ce serait le petit volume de la dose, souvent de 50 ml, qui causerait problème. Avec 10 ou 15 ml qui reste dans les tubulures, une fraction significat­ive du médicament n’est pas délivrée au patient, explique le Dr Champagne. Toutefois, l’injection d’un soluté à la suite du médicament permet de bien vider la ligne d’infusion.

Selon le Dr Champagne, la grande majorité des centres adoptaient déjà cette mesure avant que le nouveau protocole uniformisé établi par le MSSS, publié en août dernier, l’ordonne. Le problème aurait donc été réglé, mais sans que les patients touchés en soient informés.

« S’il y a une chose que le scandale du sang contaminé nous a apprise, c’est que la transparen­ce est primordial­e, soutient le Dr Champagne. Si certains établissem­ents sont au courant de problèmes, ils devraient en faire part aux médecins traitants au plus vite. »

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