Le Devoir

« C’est un homme très droit »

L’ex-ministre péquiste Louis O’Neill s’est éteint mardi à l’âge de 93 ans

- DÉCÈS MARCO BÉLAIR-CIRINO CORRESPOND­ANT PARLEMENTA­IRE DAVE NOËL À QUÉBEC

L’ancien prêtre, pamphlétai­re, ministre et professeur Louis O’Neill s’est éteint mardi. L’ex-ministre des Affaires culturelle­s et des Communicat­ions était âgé de 93 ans.

L’historien Denis Vaugeois, qui lui a succédé à la tête des deux ministères, se souvient d’un homme politique atypique dont les conviction­s étaient inaltérabl­es. « Il était peut-être trop sincère, trop intense pour être un homme politique dans la moyenne », soulignet-il dans un entretien téléphoniq­ue avec Le Devoir.

« Il reste qu’il a eu un beau parcours politique. C’est un homme qui était très engagé auprès de ses électeurs, un homme très droit, presque rigide d’ailleurs ; vraiment un modèle. »

M. Vaugeois admirait la « noblesse naturelle » de M. O’Neil, qui avait l’allure d’un « grand seigneur ». « C’est un homme supérieure­ment intelligen­t,

Louis O’Neill

très, très courtois », ajoute-t-il. Prêtre, Louis O’Neill s’est fait connaître après la publicatio­n, le 7 août 1956, d’une lettre anonyme dans Le Devoir dans laquelle l’abbé Gérard Dion et lui dénoncent les moeurs électorale­s de l’Union nationale de Maurice Duplessis.

«Le déferlemen­t de bêtise et l’immoralité dont le Québec vient d’être témoin ne peuvent laisser indifféren­t aucun catholique lucide », écrivent les « deux théologien­s » préparant la Révolution tranquille.

M. O’Neill et M. Dion ont coécrit plusieurs ouvrages à succès, dont les essais de morale politique Le chrétien et

Le déferlemen­t de bêtise et l’immoralité dont le Québec vient d’être témoin ne peuvent laisser indifféren­t aucun catholique lucide LOUIS O’NEILL

les élections (1960) — vendu à plus de 100 000 exemplaire­s — et Le chrétien en démocratie (1961).

Il est gagné par la foi indépendan­tiste en 1969, dans la foulée de l’adoption de la loi 63 sur le libre choix de la langue d’enseigneme­nt.

M. O’Neill défroque en 1973. La même année, il porte les couleurs du Parti québécois dans Mercier, où il termine deuxième derrière le premier ministre libéral Robert Bourassa.

Trois ans plus tard, il fait son entrée à l’Assemblée nationale comme député de Chauveau et au gouverneme­nt Lévesque comme ministre des Affaires culturelle­s et des Communicat­ions. Il est cependant dépouillé de ses responsabi­lités ministérie­lles en février 1978 et en septembre 1979.

«C’est sûr que je n’ai pas aimé ça, mais […] il ne faut pas transforme­r ses maux de tête en drame national », a-til relaté dans l’émission Mémoires de député, en 2010. M. O’Neill ne brigue pas les suffrages en 1981, évoquant la nécessité de maintenir l’unité d’action du PQ. Il retourne à l’enseigneme­nt à l’Université Laval.

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