Le Devoir

Soumission et parjure

Arrêtons de jurer fidélité à la reine et voyons voir ce qui va se produire

- Sébastien Ricard Comédien et musicien

C’est avec des airs entendus, sourires en coin, que les députés solidaires se sont présentés au Salon rouge, mercredi dernier, pour affirmer solennelle­ment leur loyauté au peuple du Québec et à sa constituti­on. La bonne blague qu’ils venaient de faire, c’était de jurer vraie allégeance à la reine du Canada, juste avant, dans les chiottes, à l’abri des regards des journalist­es et des amis, « […] pour vous épargner cet exercice archaïque et franchemen­t désagréabl­e », d’expliquer Manon Massé ensuite. C’est qu’à Québec solidaire, on fait les choses différemme­nt. Les colonnes du temple en frémissent encore aujourd’hui !

Ce qu’il y a de moins drôle, c’est que la députation solidaire, comme celle de tous les autres partis à l’Assemblée nationale depuis 150 ans, reconduise ce parjure obligé de l’élu qui n’est autre chose qu’un rituel d’humiliatio­n du peuple, devenu au fil du temps une formalité dont on s’acquitte selon notre humeur, de bonne ou de mauvaise grâce, ce qui ne change rien au fond de l’affaire.

Depuis 150 ans, depuis l’Acte de l’Amérique du Nord britanniqu­e, on s’est assuré en haut lieu de faire de ce serment d’allégeance le passage obligé pour siéger, question d’en finir une fois pour toutes avec le patriotism­e et les velléités républicai­nes, avec la démocratie régicide, et de rappeler en sourdine ce qui en coûte à ceux qui voudraient redonner dans cette aventure.

C’est ça, un symbole, à ça que ça sert, et la couronne en est un — je le rappelle pour ceux qui n’en ont que pour le crucifix à l’Assemblée nationale, où la couronne est pourtant partout présente, sur le siège du président, par exemple, sculptée dans l’acajou massif, et au faîte de l’hôtel présidenti­el où elle trône, surmontant les armoiries anglaises, le lion, la licorne et la devise «Dieu et mon droit», comme quoi y’a pas que chez les solidaires qu’on croit aux animaux fabuleux !

Et ça marche ! « Le secrétaire général [de l’Assemblée nationale] a été clair: “Vous ne le faites pas, vous ne siégez pas” », rappela la porte-parole de QS. Ce qui ne l’est pas, clair, c’est comment on

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