Les affaires de l’Arabie saoudite peu ébranlées
Il en coûterait un milliard au Canada pour annuler la vente de blindés
La Turquie aboie, l’Arabie saoudite passe à la caisse, et le Canada explique son propre contrat militaire avec le royaume.
L’affaire Jamal Khashoggi a continué de planer sur le monde mardi. Le président turc a dénoncé devant son Parlement à Ankara l’assassinat commandé du dissident saoudien à l’intérieur du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. Pendant ce temps, le royaume inaugurait son sommet des méga-investisseurs de Riyad en annonçant des dizaines de milliards en contrats. Ici même, Justin Trudeau expliquait qu’il en coûterait un milliard au Canada pour annuler la vente de blindés aux Saoudiens.
Le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a répété à l’envi ce que clament les médias et les chancelleries du monde, soit que M. Khashoggi a été « sauvagement assassiné » par un escadron de 15 tueurs d’État dépêchés de Riyad. Son allocution parlementaire n’a cependant pas ajouté de détails aux informations visiblement coulées vers les médias de Turquie depuis trois semaines. M. Erdogan a plutôt égrené la liste des faits qui contredisent la version officielle de l’Arabie saoudite, ellemême changeante.
Son discours a ménagé le plus haut sommet du royaume en ne nommant jamais les commanditaires du meurtre. À aucun moment il n’a été fait mention du prince héritier Mohammed Bin Salman, homme fort du royaume absolutiste, qui pourrait avoir exigé la mort atroce du dissident, critique à son endroit.
« Le monde entier vous regarde, a dit M. Erdogan. Les Américains veulent des réponses et nous allons exiger que ces réponses viennent rapidement. »
L’Allemagne a décidé ce week-end de suspendre les ventes d’armes à l’Arabie saoudite. Washington a annoncé mardi la révocation des visas de certains tueurs présumés de M. Khashoggi.
La pression s’accentue pour que le Canada se joigne aux sanctions en annulant un contrat de ventes de véhicules blindés au royaume négocié sous le gouvernement précédent. Le premier ministre Justin Trudeau a expliqué mardi matin que l’entente pour la livraison de 15 milliards d’équipements militaires prévoit une pénalité d’un milliard à verser par le Canada en cas d’annulation. Le montant n’a pas été confirmé aux médias.
L’affaire Khashoggi n’empêche d’ailleurs pas les affaires. Le royaume pense signer pour plus de 65 milliards de dollars de contrats dans les secteurs du gaz, du pétrole et des infrastructures dans le cadre du Future Investment Summit, conférence d’investisseurs organisée cette semaine à Riyad. Les dirigeants saoudiens ont annoncé que les étrangers pourraient investir dans les transports, l’immobilier et l’audiovisuel du pays. Le sommet se termine jeudi.