Le Devoir

Les principes n’ont pas de prix, disent le Bloc et le NPD

- ARABIE SAOUDITE HÉLÈNE BUZZETTI CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À OTTAWA Avec Marie Vastel

Le Nouveau Parti démocratiq­ue et le Bloc québécois ne verraient pas d’objection à ce que le gouverneme­nt canadien verse un milliard de dollars pour annuler le contrat permettant à une entreprise ontarienne de vendre des véhicules légers blindés à l’Arabie saoudite.

« Si on a 2,6 milliards de dollars à donner à Chrysler, on peut se permettre de payer la pénalité pour se dissocier d’un État meurtrier et sauver des vies », a fait valoir le bloquiste Mario Beaulieu en faisant référence à la récente radiation d’un prêt consenti par Ottawa pendant la crise économique.

«Nous n’avons pas besoin d’en faire un choix entre les droits de la personne et les employés. On peut faire les deux », a soutenu pour sa part le chef néodémocra­te Jagmeet Singh, qui suggère de transforme­r le contrat pour qu’il fournisse plutôt des blindés à l’armée canadienne.

L’entreprise ontarienne General Dynamics Land System (GDLS) a conclu en 2014 un contrat pour fournir à l’Arabie saoudite un nombre non divulgué de véhicules légers blindés. Dans la foulée de l’assassinat du journalist­e Jamal Khashoggi au consulat saoudien d’Istanbul, les voix s’élèvent pour demander la résiliatio­n de ce contrat d’une valeur de 15 milliards de dollars.

Or, en entrevue à CBC mardi, le premier ministre Justin Trudeau a laissé entendre que cela entraînera­it une lourde pénalité. « Le contrat signé par le précédent gouverneme­nt, par Stephen Harper, rend cela très difficile de le suspendre ou de le résilier. […] Je ne veux pas laisser aux Canadiens une facture d’un milliard de dollars parce qu’on tente d’aller de l’avant en faisant la bonne chose. »

L’équipe de M. Trudeau soutient depuis qu’il ne s’agissait là que d’une façon de parler. Le Canada prétend être lié par un contrat particuliè­rement restrictif lui interdisan­t d’en divulguer le moindre détail. Le gouverneme­nt refuse donc de dire la valeur réelle de la pénalité ou encore à qui, de l’entreprise ou de Riyad, il devrait la verser. Un parlementa­ire libéral se confiant au Devoir se demande si le chiffre d’un milliard de dollars n’a pas été lancé tel un ballon d’essai pour tester la réaction du public à un tel scénario. Les conservate­urs, pour leur part, refusent de dire s’ils seraient ouverts à l’idée d’annuler le contrat avec l’Arabie saoudite, pénalité ou pas.

 ?? MARK SPOWART LA PRESSE CANADIENNE ?? Le Bloc québécois et le NPD estiment que verser 1 milliard pour annuler le contrat de fourniture de blindés légers à l’Arabie saoudite ne serait pas cher payer.
MARK SPOWART LA PRESSE CANADIENNE Le Bloc québécois et le NPD estiment que verser 1 milliard pour annuler le contrat de fourniture de blindés légers à l’Arabie saoudite ne serait pas cher payer.

Newspapers in French

Newspapers from Canada