L’acte manqué de François Legault
Pourquoi François Legault avaitil confié à son ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, le dossier de la laïcité (Le Devoir de ce 20 octobre nous apprend que ce n’est plus le cas) ? Tout le monde semblait se poser « naïvement » la question : quel lien y avait-il entre la laïcité et l’immigration ? C’est pourtant clair comme de l’eau de roche !
Cela fait au moins 20 ans, ici comme dans le reste de l’Occident, que la « laïcité » est instrumentalisée par plusieurs comme un outil de répression et de domination de certains groupes « altérisés ».
L’immigration et la diversité sont des enjeux continuellement réduits — par des discours et des politiques de droite sur lesquels la CAQ a surfé pour se faire élire — à la dimension de « problèmes » ; et la laïcité a été dénaturée en « instrument de gestion et de contrôle » de ces soi-disant problèmes.
Après, peut-on vraiment s’étonner qu’un gouvernement caquiste puisse — dès la création de son premier Conseil des ministres — révéler l’amalgame au grand jour ? Ils me font bien rire, depuis jeudi dernier, ceux et celles faisant mine d’en être étonnés.
Cette décision du nouveau premier ministre avait au moins le mérite d’être honnête — tel un acte manqué (au sens psychanalytique de révélation du non-dit et du refoulé). François Legault peut bien maintenant rétropédaler, la vérité a été dévoilée.
Et cette vérité, c’est tout simplement que la « laïcité » est devenue un instrument pour réprimer et dominer des « minorités » considérées comme étant « gênantes » : certaines catégories d’immigrants et toute une partie de nos concitoyens — et surtout une partie de nos concitoyennes — ayant le malheur d’avoir une identité religieuse repérable à un signe vestimentaire.
Depuis des années au Québec, à l’ombre du crucifix « patrimonialisé » de l’Assemblée nationale, la laïcité se voit insidieusement détournée en « verni vertueux » pour couvrir la xénophobie et l’islamophobie ambiantes. Qui peut encore prétendre en être dupe ? Marco Veilleux
Montréal, le 20 octobre 2018