De la musique trad à l’école ? |
Le CQPV réfléchit à la préservation de coutumes artistiques
Les arts traditionnels québécois, la musique traditionnelle en particulier, sont absents des curriculums des écoles primaires et secondaires du système public québécois. C’est l’une des préoccupations du Conseil québécois du patrimoine vivant, qui tient un grand rassemblement à Québec.
Tant les artistes, les organisations culturelles que les décideurs y seront réunis pour discuter des meilleures façons de préserver, transmettre et développer ce qu’on appelle le «patrimoine vivant » québécois. On y causera contes cornus et légendes fourchues, musique traditionnelle, veillées de danse et feutrage de laine, cuisine et arts et savoirs autochtones. Mais aussi, on réfléchira, au sein de différents groupes de travail, à la protection de ces expressions au sein des municipalités, par les gouvernements et par l’UNESCO.
« Il y a des zones où la transmission se fait, mais il y a des zones où il y a des blocages institutionnels, dit Antoine Gauthier, directeur général du Conseil québécois du patrimoine vivant (CQPV). C’est le cas notamment à l’école, il y a une zone où c’est difficile d’avoir accès à l’enseignement de la musique traditionnelle. Elle est absente du système public et du conservatoire et des universités. » À cet égard, mentionnons cependant que le programme de musique du cégep de Joliette est l’exception qui confirme la règle. L’une des discussions du rassemblement portera d’ailleurs sur un nouveau fonds destiné à la formation en musique traditionnelle dans les camps et les écoles.
Préservation balisée
Depuis 2012, la Loi sur le patrimoine culturel du Québec a intégré le «patrimoine vivant». On désigne ainsi «les savoir-faire, les connaissances, les expressions, les pratiques et les représentations transmis de génération en génération ». On ajoute que ces savoirs doivent être reconnus par un groupe comme faisant partie du patrimoine culturel, et que leurs « connaissance, sauvegarde, transmission ou mise en valeur » doivent être considérées comme d’intérêt public.
Plusieurs pratiques ont ainsi été désignées par le ministère de la Culture et des Communications du Québec comme faisant partie du patrimoine immatériel. On y retrouve par exem- ple le savoir-faire textile transmis par le Cercle des fermières du Québec, le fléché comme technique de tissage aux doigts, et la pêche au saumon dans la rivière Matapédia.
Reste que pour le Conseil québécois du patrimoine vivant, il faut dépasser la simple symbolique de la désignation. « On commence à travailler sur le développement. On est au tout début », dit M. Gauthier.
Le CQPV lancera notamment un guide à l’intention des municipalités, pour stimuler la protection des pratiques qu’elles regroupent. On cite la ville de Montmagny en exemple. En 2013, Montmagny a en effet procédé à un inventaire de son patrimoine immatériel. On y retrouve la pratique de l’accordéon diatonique, la fabrication artisanale d’accordéons, la chasse à la sauvagine, le canot à glace et la pêche. Des fiches descriptives, des photographies et des entrevues ont été récoltées.
D’ailleurs, le CQPV profitera du rassemblement pour lancer un site Web, intitulé TAUPE, pour «trousse astucieuse utile pour les ethno-archives ». Il s’agit d’un guide pour ethnologues amateurs qui souhaitent faire leur propre cueillette d’informations sur la culture traditionnelle.
Parallèlement à ces activités, le CPVQ organise pour la première fois cette année une Folle bastringue, qui propose au grand public, durant deux jours, tout un éventail d’initiations à la culture traditionnelle québécoise. On y donnera des ateliers de musique traditionnelle. On y fera des représentations de costumes traditionnels algonquins, ou des initiations à la gigue traditionnelle. Et on y apprendra aux enfants à feutrer et à filer la laine.
Le « patrimoine vivant » désigne, au sens de la loi, « les savoir-faire, les connaissances, les expressions, les pratiques et les représentations transmis de génération en génération »