Le Devoir

De la musique trad à l’école ? |

Le CQPV réfléchit à la préservati­on de coutumes artistique­s

- CAROLINE MONTPETIT

Les arts traditionn­els québécois, la musique traditionn­elle en particulie­r, sont absents des curriculum­s des écoles primaires et secondaire­s du système public québécois. C’est l’une des préoccupat­ions du Conseil québécois du patrimoine vivant, qui tient un grand rassemblem­ent à Québec.

Tant les artistes, les organisati­ons culturelle­s que les décideurs y seront réunis pour discuter des meilleures façons de préserver, transmettr­e et développer ce qu’on appelle le «patrimoine vivant » québécois. On y causera contes cornus et légendes fourchues, musique traditionn­elle, veillées de danse et feutrage de laine, cuisine et arts et savoirs autochtone­s. Mais aussi, on réfléchira, au sein de différents groupes de travail, à la protection de ces expression­s au sein des municipali­tés, par les gouverneme­nts et par l’UNESCO.

« Il y a des zones où la transmissi­on se fait, mais il y a des zones où il y a des blocages institutio­nnels, dit Antoine Gauthier, directeur général du Conseil québécois du patrimoine vivant (CQPV). C’est le cas notamment à l’école, il y a une zone où c’est difficile d’avoir accès à l’enseigneme­nt de la musique traditionn­elle. Elle est absente du système public et du conservato­ire et des université­s. » À cet égard, mentionnon­s cependant que le programme de musique du cégep de Joliette est l’exception qui confirme la règle. L’une des discussion­s du rassemblem­ent portera d’ailleurs sur un nouveau fonds destiné à la formation en musique traditionn­elle dans les camps et les écoles.

Préservati­on balisée

Depuis 2012, la Loi sur le patrimoine culturel du Québec a intégré le «patrimoine vivant». On désigne ainsi «les savoir-faire, les connaissan­ces, les expression­s, les pratiques et les représenta­tions transmis de génération en génération ». On ajoute que ces savoirs doivent être reconnus par un groupe comme faisant partie du patrimoine culturel, et que leurs « connaissan­ce, sauvegarde, transmissi­on ou mise en valeur » doivent être considérée­s comme d’intérêt public.

Plusieurs pratiques ont ainsi été désignées par le ministère de la Culture et des Communicat­ions du Québec comme faisant partie du patrimoine immatériel. On y retrouve par exem- ple le savoir-faire textile transmis par le Cercle des fermières du Québec, le fléché comme technique de tissage aux doigts, et la pêche au saumon dans la rivière Matapédia.

Reste que pour le Conseil québécois du patrimoine vivant, il faut dépasser la simple symbolique de la désignatio­n. « On commence à travailler sur le développem­ent. On est au tout début », dit M. Gauthier.

Le CQPV lancera notamment un guide à l’intention des municipali­tés, pour stimuler la protection des pratiques qu’elles regroupent. On cite la ville de Montmagny en exemple. En 2013, Montmagny a en effet procédé à un inventaire de son patrimoine immatériel. On y retrouve la pratique de l’accordéon diatonique, la fabricatio­n artisanale d’accordéons, la chasse à la sauvagine, le canot à glace et la pêche. Des fiches descriptiv­es, des photograph­ies et des entrevues ont été récoltées.

D’ailleurs, le CQPV profitera du rassemblem­ent pour lancer un site Web, intitulé TAUPE, pour «trousse astucieuse utile pour les ethno-archives ». Il s’agit d’un guide pour ethnologue­s amateurs qui souhaitent faire leur propre cueillette d’informatio­ns sur la culture traditionn­elle.

Parallèlem­ent à ces activités, le CPVQ organise pour la première fois cette année une Folle bastringue, qui propose au grand public, durant deux jours, tout un éventail d’initiation­s à la culture traditionn­elle québécoise. On y donnera des ateliers de musique traditionn­elle. On y fera des représenta­tions de costumes traditionn­els algonquins, ou des initiation­s à la gigue traditionn­elle. Et on y apprendra aux enfants à feutrer et à filer la laine.

Le « patrimoine vivant » désigne, au sens de la loi, « les savoir-faire, les connaissan­ces, les expression­s, les pratiques et les représenta­tions transmis de génération en génération »

Newspapers in French

Newspapers from Canada