Le Devoir

En hausse à 1,75 %

Le taux directeur se trouve maintenant à son plus haut niveau en environ 10 ans

- ANDY BLATCHFORD À OTTAWA

La Banque du Canada a haussé mercredi son taux d’intérêt directeur en évoquant la résilience de l’économie et la disparitio­n d’une importante source d’incertitud­e avec la conclusion d’un nouvel accord commercial nord-américain. En annonçant sa décision, la banque centrale a également envoyé un signal suggérant qu’elle adopterait une approche plus dynamique en ce qui a trait aux prochaines hausses.

Dans la foulée, le coût des emprunts liés aux taux préférenti­els des grandes banques va augmenter. La Banque Royale a été la première à annoncer une hausse d’un quart de point de son taux préférenti­el, de 3,7% à 3,95%. L’augmentati­on fera grimper le coût des emprunts liés aux taux préférenti­els, comme les hypothèque­s à taux variable et les marges de crédit hypothécai­res.

La banque centrale a relevé son taux directeur d’un quart de point pour la cinquième fois depuis l’été 2017 pour le porter à 1,75 %. Il se trouve maintenant à son plus haut niveau en environ 10 ans. Il s’agissait de la première décision de la Banque du Canada au sujet de sa politique monétaire depuis que le pays s’est entendu avec les États-Unis et le Mexique, plus tôt en octobre, sur un nouveau pacte de libre-échange.

« Le nouvel Accord États-Unis– Mexique–Canada [AEUMC] réduira l’incertitud­e entourant les politiques commercial­es en Amérique du Nord, laquelle a restreint de façon importante la confiance et les investisse­ments des entreprise­s, a affirmé la banque dans un communiqué. L’économie canadienne continue de tourner près de son potentiel, et la compositio­n de la croissance est plus équilibrée. »

Le retrait de l’obstacle que représenta­it l’incertitud­e commercial­e a également coïncidé avec un changement notable dans la formulatio­n de la déclaratio­n de mercredi, par rapport aux autres communiqué­s de presse publiés récemment par la banque. Cette fois, l’institutio­n a omis de qualifier les futures hausses de taux de « graduelles » dans ses explicatio­ns — un détail qui pourrait laisser croire à certains observateu­rs que les prochaines hausses viendront plus rapidement que prévu.

La Banque du Canada a indiqué que des augmentati­ons supplément­aires seraient nécessaire­s pour ramener le taux à une « orientatio­n neutre », afin d’empêcher que l’inflation n’augmente trop au-dessus du point médian de 2 % de sa fourchette cible. L’équipe du gouverneur Stephen Poloz a fixé le taux neutre à entre 2,5 et 3,5 %, de sorte que plusieurs autres augmentati­ons sont probableme­nt à venir.

La Banque du Canada a cependant précisé que la cadence des augmentati­ons continuera­it d’être alignée sur la réponse des ménages face aux hausses du coût de l’emprunt, compte tenu de leurs niveaux d’endettemen­t déjà élevés. La banque a noté que les ménages canadiens avaient déjà apporté certains ajustement­s à leurs dépenses dans la foulée des hausses de taux précédente­s et du resserreme­nt des politiques visant le marché du logement, et que la croissance du crédit continuait de se modérer. « Par conséquent, les vulnérabil­ités des ménages diminuent légèrement à plusieurs égards, quoiqu’elles demeurent élevées », a précisé la banque centrale. La banque s’attend toujours à ce que les dépenses de consommati­on continuent de croître à un « bon rythme », en grande partie grâce à la « solide » croissance du revenu du travail et à la confiance élevée des consommate­urs.

La banque centrale a indiqué que des augmentati­ons supplément­aires seraient nécessaire­s pour ramener le taux à une « orientatio­n neutre »

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