Le troupeau de Brach et la troupe de Lapointe sonnent la charge
L’ADISQ décerne 41 Félix pour commencer la célébration de ses 40 ans
Philippe Brach, Philippe Brach, Philippe Brach. Félix, Félix et Félix. Album de l’année alternatif : Le silence des troupeaux. Arrangeur de l’année : La Controverse pour Le silence des troupeaux. Pochette d’album de l’année : Puppy Ciao !, Bruno Gatien, Marc-Étienne Mongrain pour Le silence des troupeaux.
Pierre Lapointe, Pierre Lapointe, Pierre Lapointe. Trois Félix itou, liés à l’album La science du coeur et au spectacle assorti : celui de la conception d’éclairage et des projections (Pierre avec Alexis Laurence et Alexandre Péloquin), celui de la prise de son et du mixage (Ghyslain-Luc Lavigne et Pascal Shefteshy), celui du sonorisateur de l’année (MarcAndré Duncan).
Toute cette nomenclature pour dire qu’après le « gala de l’industrie » et « le premier gala» qui étaient présentés mercredi en amont de la grand-messe de dimanche, on n’est pas beaucoup plus avancés qu’au dévoilement des nominations : Philippe et Pierre se talonnent autant qu’ils se talonnaient. Chacun a inscrit son nom sur l’un des trophées. Les collaborateurs de l’un et l’autre sont encensés. Les paris, comme on dit, restent ouverts.
Mais attention! Que le Darlène du phénoménal Hubert Lenoir ait été bombardé album de l’année par la critique pourrait annoncer une percée. Fille de personne II chanson de l’année ? On verra dimanche. Quatre statuettes, dans des catégories artistiques (à distinguer des catégories industrielles), sont encore à la portée de l’étoile glam de Beauport. On notera cependant que le Félix décerné au clip de La saison des pluies est aussi un indicateur fort : il ne faut pas négliger la chanson de Patrice Michaud dans la course pour la grande palme d’honneur du métier.
Des prix pour les pressentis
Autrement, les disques célébrés mercredi sont presque partout ceux que l’on attendait, non sans mérite, puisque leurs créateurs se démarquaient déjà très clairement dans leur catégorie : le Three Rivers de Jordan Officer en jazz, le Super Lynx Deluxe de Galaxie en rock, le Depuis longtemps de Yoan en country, le Désherbage de Tire le coyote en folk, l’hommage à Richard Desjardins parmi les réinterprétations, le MAKANDA at the End of Space, the Beginning of Time de Pierre Kwenders en musiques du monde, le Consolez-vous du groupe De Temps Antan chez les trad, l’Ubiquité de Martin Lizotte en musique instrumentale, le Portrait : Max Richter d’Angèle Dubeau et La Pietà en classique, et ainsi de suite (la liste complète des 41 gagnants peut être consultée sur les plateformes numériques du Devoir).
Le Félix attribué à Mario Pelchat et Les prêtres pour leur Agnus Dei n’est pas moins justifié parce qu’affaire de chiffres : meilleures ventes, ce n’est pas rien.
Je ferais deux exceptions. Il y a quelque chose d’un peu trop automatique dans la victoire d’Arcade Fire pour leur Everything Now: l’album est certainement leur plus faible, et parmi les productions anglophones, l’heure était bien plus au Deception Bay de Milk & Bone. Que dire de Loud, proclamé en tant qu’« artiste québécois s’étant le plus illustré hors Québec » ? Il faut croire que le vote aura été divisé entre Klô Pelgag et Coeur de pirate : les deux auteurescompositrices-interprètes ont brillé dans toute l’Europe francophone. Klô est en nomination pour le Félix de l’artiste féminine de l’année : on la retrouvera dimanche au grand gala, qui sera aussi, faut-il rappeler, le quarantième de l’association.