Le Devoir

L’enjeu des chargés de cours : la précarité

La FNEEQ invite le nouveau ministre de l’Éducation à mieux encadrer la formation continue

- MARIE-HÉLÈNE ALARIE Collaborat­ion spéciale

Les programmes de formation continue offerts dans les cégeps présentent différents défis aux yeux de Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignant­es et des enseignant­s du Québec (FNEEQ), un syndicat qui représente de nombreux chargés de cours donnant ce type de formation. «L’enjeu le plus important concerne les conditions de travail précaires», affirme-t-elle.

Quand on regarde l’éducation collégiale dans son ensemble, les chargés de cours représente­nt 85% des effectifs. Au niveau de la formation continue, les conditions de travail tant matérielle­s que profession­nelles sont préoccupan­tes, selon la FNEEQ. «Le salaire d’un chargé de cours représente 52% de ce que gagne un enseignant permanent», déplore la présidente. Pourtant les tâches sont comparable­s: ils donnent les mêmes cours, ont le même nombre d’heures d’enseigneme­nt que les autres, offerts aux mêmes étudiants.

Les conditions profession­nelles posent aussi problème: «Les chargés de cours ne sont pas rattachés à l’enseigneme­nt régulier et ne font donc pas partie de la vie départemen­tale», affirme Caroline Quesnel. S’ils n’ont pas leur place dans l’organisati­on, ils ne peuvent pas non plus participer à la réflexion. «On voudrait qu’il y ait une façon profession­nelle de les rattacher à l’enseigneme­nt régulier et qu’ils bénéficien­t comme les autres de la collégiali­té et des échanges entre les départemen­ts», souligne-t-elle.

La pression du marché

Tout un autre volet préoccupe la FNEEQ en ce qui concerne la formation continue; c’est l’idée de rapprocher l’enseigneme­nt supérieur des besoins du marché et de l’entreprise privée. La pénurie de main-d’oeuvre exerce une pression de plus en plus forte sur la formation continue: «Ça crée beaucoup de confusion, déclare Caroline Quesnel. La vision que nous avons de l’éducation, c’est qu’elle doit faire face aux transforma­tions et non pas qu’elle s’adapte aux besoins pointus et fluctuants du marché.» Il n’est pas question pour la FNEEQ de sacrifier la formation pour répondre à un besoin immédiat de main-d’oeuvre.

« Le salaire d’un chargé de cours représente 52 % de ce que gagne un enseignant permanent »

La formation continue au niveau collégial mène à une attestatio­n d’études collégiale­s (AEC). La présidente craint que certaines en viennent à remplacer un diplôme d’études collégiale­s (DEC). Selon elle, on est devant «une organisati­on chaotique où il y a énormément de disparité entre les cégeps, ce qu’on ne voit pas dans l’enseigneme­nt régulier. C’est le Far West»!

Sans se leurrer, la FNEEQ conçoit très bien que les cégeps sont aussi des établissem­ents de formation pour des étudiants qui s’en vont directemen­t sur le marché du travail. «On n’est pas dans une utopie, mais il y a un juste milieu à trouver, et on pense que c’est possible de maintenir l’équilibre malgré la forte pression. On invite le nouveau ministre de l’Éducation à mieux encadrer la formation continue », conclut Caroline Quesnel.

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