Le Devoir

Le gigantisme du projet Le Phare déplaît

«C’est une consultati­on qui est un peu bidon», dénonce Jean-François Gosselin

- ISABELLE PORTER À QUÉBEC

Plus de 300 personnes ont assisté lundi soir à la première séance d’informatio­n sur le projet Le Phare organisée par la Ville de Québec. Trois ans et demi après son dévoilemen­t par le groupe Dallaire, la hauteur du projet continue de déranger.

L’un après l’autre, les gens sont venus demander ce qui pouvait justifier la constructi­on d’une tour aussi haute. « Pourquoi 65 étages ? » a demandé un résident du nom d’André Breton. Un peu plus tôt, Serge Laquerre a suggéré que ce n’était pas « la meilleure façon de développer une ville » au XXIe siècle. Un jeune homme est quant à lui venu comparer le projet à un « séquoia dans la plaine ».

Piloté par le groupe immobilier Dallaire, Le Phare prévoit la constructi­on de quatre immenses tours à l’extrémité ouest du boulevard Laurier, dans le secteur de Sainte-Foy. La plus haute compterait 65 étages, alors que le zonage limite la hauteur des constructi­ons à 28 étages.

Le projet inclut des appartemen­ts, des locaux commerciau­x, un observatoi­re au dernier étage et une salle de spectacle. Le Phare serait aussi un important lieu de transit pour le futur parcours de tramway.

« Quelle est la légitimité sociale de ce projet-là ? » a demandé quant à lui Carol Landré. «Comment vous en êtes-vous assurés? On ne peut pas voter, on ne peut pas faire de référendum… De quelle façon vous assurezvou­s que ce projet-là est accepté dans le coin ? »

Une affirmatio­n dont le ton indigné a fait bondir Rémy Normand du comité exécutif de la Ville.

Ce dernier est venu dire qu’en guise de solution de rechange à de très hautes tours, il faudrait construire « quatre gros blocs de glace sans aucune vie ». « Est-ce que c’est ce qu’on veut pour la ville de Québec ou on veut un projet porteur ? »

La rencontre n’a toutefois pas qu’attiré des opposants. Quoique minoritair­es dans la salle, certains se sont présentés au micro pour manifester leur fierté face à ce projet et souligner que la ville avait de la chance d’attirer autant d’investisse­ments privés. Le promoteur prévoit y injecter 750 millions de dollars d’ici dix ans.

Une consultati­on bidon ?

La rencontre organisée par la Ville a été présentée comme une «séance d’informatio­n et d’échanges ». Une autre séance du même genre doit avoir lieu mardi, puis une dernière le 21 novembre.

Or, la non-réalisatio­n du projet ne fait pas partie des options. Le jour même de son dévoilemen­t, en février 2015, le maire Régis Labeaume lui avait donné son appui et la ville a annoncé depuis qu’elle comptait se prévaloir d’un article de sa Charte lui permettant de réglemente­r sur mesure en fonction du projet, mais qui a aussi pour conséquenc­e de soustraire le projet à un référendum.

«C’est une consultati­on qui est un peu bidon parce qu’on a décidé d’aller de l’avant de toute façon », a fait valoir le chef de l’opposition, Jean-François Gosselin, un peu avant la rencontre.

M. Gosselin est notamment préoccupé par l’impact qu’aura Le Phare sur la circulatio­n puisqu’il entraînera­it l’ajout de 2000 résidents dans le secteur et 7000 nouveaux travailleu­rs.

La Ville, de son côté, avance qu’il y aura «une légère détériorat­ion de la performanc­e du réseau » entre 2019 et 2022. À plus long terme, elle croit toutefois que les transports seront plus fluides parce que davantage de gens prendront le transport en commun. La part des usagers du bus passerait selon ses estimation­s de 14,5 % maintenant à 25 % dans dix ans.

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GROUPE DALLAIRE Une maquette du projet soumis par le promoteur à la Ville de Québec

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