Le Devoir

Ottawa veut protéger les travailleu­rs temporaire­s

- HÉLÈNE BUZZETTI CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À OTTAWA

Ottawa n’a pas seulement l’intention de se doter d’une loi sur l’équité salariale. Il entend aussi moderniser le Code du travail, notamment pour interdire aux employeurs de rémunérer moins bien leurs travailleu­rs embauchés par le truchement d’agences de placement. Les syndicats applaudiss­ent.

Le gouverneme­nt fédéral interdira à la fonction publique fédérale ainsi qu’aux employeurs oeuvrant dans des secteurs de compétence fédérale (aviation, télécommun­ications, etc.) de verser un salaire inférieur à des employés simplement parce qu’ils travaillen­t à temps partiel ou de manière temporaire, ou encore parce qu’ils ont été embauchés par une agence de placement plutôt que directemen­t par l’employeur. La règle voudra que les travailleu­rs occupant une même fonction devront tous toucher la même rémunérati­on.

Ces modificati­ons au Code du travail, qui accompagne­nt les mesures instaurant l’équité salariale, sont passées inaperçues lundi soir parce que faisant partie du projet de loi budgétaire comptant 649 pages plus 230 pages d’annexes. La ministre de l’Emploi, du Développem­ent de la main-d’oeuvre et du Travail, Patty Hajdu, compte en faire la promotion plus tard cette semaine.

Ottawa interdira aussi à ces mêmes employeurs d’imposer à leurs nouvelles recrues une période d’inadmissib­ilité aux congés de maternité. Il est fréquent, explique-t-on au bureau de la ministre, que des entreprise­s ne protègent pas les travailleu­ses si elles sont à leur emploi depuis moins de six mois. Le gouverneme­nt fédéral impose aussi aux employeurs d’offrir cinq jours par année de congé en cas de violence conjugale et de donner des préavis pour tout changement à l’horaire de travail.

Le Congrès du travail du Canada (CTC), l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) et l’Institut profession­nel de la fonction publique du Canada (IPFPC), qui ensemble représente­nt plus de 3,5 millions de syndiqués, applaudiss­ent à ces changement­s, qu’ils qualifient « d’importante modernisat­ion ».

Les trois syndicats se réjouissen­t par ailleurs qu’Ottawa se dote d’une loi proactive sur l’équité salariale. « La loi est-elle parfaite ? C’est proche », a lancé en conférence de presse Hassan Yussuf, le président du CTC. « C’est un grand jour pour les femmes du Canada, a renchéri Debi Daviau, présidente de l’IPFPC. L’équité salariale est une question de justice et cette semaine, justice a été rendue. »

Aucun chef syndical ne s’offusque qu’Ottawa accorde aux employeurs un délai de trois ans après l’adoption de la loi pour effectuer les comparaiso­ns salariales entre les catégories d’emplois à prédominan­ce féminine et masculine. « On doit faire les choses correcteme­nt. Si on se précipite, on répétera les erreurs et on reproduira la discrimina­tion systémique qui existe déjà », estime M. Yussuf. « Bien qu’on ait des années de travail accumulées sur ce sujet, ce n’est pas un processus facile. Quand vous avez différente­s catégories d’emploi, il faut analyser cela avec soin », a ajouté Chris Aylward, président de l’AFPC.

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