Trump devant ses juges
Le président républicain résistera-t-il aux efforts des démocrates pour reprendre le contrôle du Congrès ?
Les Américains vont aux urnes mardi dans un scrutin déterminant pour la suite du mandat de Donald Trump. Le président a exhorté les électeurs à lui laisser le contrôle du Congrès, que le Parti démocrate tente d’arracher dans l’espoir de placer la Maison-Blanche sous surveillance pour les deux prochaines années.
Trump a fait un sprint dans trois États, lundi, pour tenter de convaincre les Américains d’appuyer les candidats républicains au Sénat, à la Chambre des représentants et aux centaines d’autres postes en jeu dans les élections de mi-m andat. Le parti du président semble en voie de garder la mainmise sur le Sénat (où 35 des 100 sièges sont en jeu), mais les démocrates croient pouvoir remporter la majorité des 435 sièges à la Chambre des représentants.
Les électeurs choisiront aussi 36 des 50 gouverneurs et d’autres membres des législatures d’État, où l’équilibre des pouvoirs risque de changer — pour ou contre le président. Bien qu’il ne soit pas sur le bulletin de vote, Trump a reconnu que ce scrutin de mi-mandat représente un référendum sur sa présidence.
« Un vote pour le Parti républicain est un vote pour continuer notre extraordinaire prospérité, mais un vote pour les démocrates est un vote pour l’arrêt soudain de notre boom économique», a lancé Donald Trump lors d’un rassemblement partisan à Cleveland, en Ohio.
Une majorité démocrate dans l’une des chambres du Congrès représenterait un « cauchemar socialiste », a ajouté le président. «Allez voter!»,
a-t-il lancé lors de chacun de ses arrêts en Ohio, en Indiana et au Missouri.
À 24 heures du scrutin, Trump a mis un terme à une longue campagne marquée par la peur et les divisions en martelant ses mises en garde contre l’immigration. Il a décrit les milliers de migrants honduriens qui marchent vers les États-Unis comme une véritable menace à la sécurité nationale.
Vidéo « raciste »
Signe de la rhétorique enflammée de la bataille électorale, les chaînes Fox News (pourtant alliée de Trump) et NBC, ainsi que Facebook, ont retiré un message vidéo de la campagne du président qui dressait un parallèle entre un criminel mexicain et les convois de migrants en route vers la frontière américaine. CNN avait de son côté refusé de diffuser la vidéo dès qu’elle avait été soumise à sa régie publicitaire et l’a qualifiée de « raciste ».
La vidéo commence sur des images de Luis Bracamontes, ressortissant mexicain condamné à mort en avril pour le meurtre de deux policiers en 2014. Outre la gravité des faits, l’affaire avait attiré l’attention des médias, car Bracamontes avait accueilli le verdict de culpabilité en riant, promettant de s’échapper de prison et de « tuer plus de flics bientôt ».
Dans la publicité, les images du Mexicain sont accompagnées de messages comme « Les démocrates l’ont laissé entrer dans notre pays » et « Les démocrates l’ont laissé y rester ».
Le message enchaîne sur des images des convois de migrants qui font actuellement route, depuis le Mexique, vers la frontière américaine. Il montre aussi des migrants enfonçant des portes grillagées.
« Qui d’autre les démocrates laisseraient-ils entrer ? », interroge la vidéo, évoquant le scénario d’une victoire électorale des démocrates lors du scrutin de mardi.
Surveiller Trump
En l’absence d’une figure élue dominante au Parti démocrate, Barack Obama a livré un plaidoyer de fin de campagne visant à freiner les ardeurs du président républicain. Il a dénoncé le « coup d’éclat » du président contre les immigrants. Les électeurs voient très bien qu’il s’agit d’une stratégie électoraliste de Trump visant à se définir comme un gardien de la sécurité et des valeurs américaines, a lancé l’ex-président démocrate.
« Cette campagne vise à bâtir un monde meilleur, a fait valoir Obama en Virginie. Une seule élection ne changera pas tout. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de pauvreté en Amérique. Cela ne veut pas dire que, soudainement, on n’aura plus de violence par les armes à feu dans nos écoles ou nos lieux de culte. Cela veut dire que les choses vont s’améliorer. »
Les démocrates espèrent renverser la majorité républicaine dans au moins une des deux chambres du Congrès pour freiner la capacité du président à légiférer durant les 22 mois précédant la prochaine élection présidentielle, en 2020.
Forte participation
Les élections de mi-mandat représentent généralement une occasion pour les électeurs de sanctionner le président sur les deux premières années de son règne. Les démocrates ont fait des efforts sans précédent pour inciter les opposants de Trump à aller voter. Les syndicats, les communautés religieuses et les organismes communautaires, notamment, ont lancé de vastes campagnes pour stimuler la participation électorale de leurs membres.
Le vote par anticipation laisse entrevoir une forte participation au scrutin : lundi après-midi, près de 31 millions d’électeurs avaient déjà voté, comparativement à 19 millions de personnes au même moment lors des dernières élections de mi-mandat, en 2014. Le scrutin de mi-mandat suscite normalement peu d’enthousiasme. À peine 41,9 % des électeurs s’étaient rendus aux urnes il y a quatre ans.
Tout indique que les jeunes, les femmes et les minorités s’apprêtent à voter en nombre record, ce qui est de nature à favoriser les démocrates. Les candidatures issues de ces groupes sous-représentés dans les institutions politiques ont aussi atteint un sommet : par exemple, Stacey Abrams tente de devenir la première noire élue gouverneure de la Géorgie, Andrew Gillum tente de réussir le même exploit (pour un homme) en Floride, et Rashida Tlaib, Américaine d’origine palestinienne, tente de devenir la première musulmane élue au Congrès.
La paix sociale est au coeur de la campagne électorale. Les démocrates accusent Trump d’attiser les flammes de la haine avec sa rhétorique sur la diversité. La violence a secoué les derniers moments de la course.
Une attaque sanglante contre une synagogue de Pittsburgh a fait 11 morts il y a une dizaine de jours. Et 13 colis piégés ont été expédiés à des figures importantes du Parti démocrate, dont les ex-présidents Bill Clinton et Barack Obama, l’exvice-président Joe Biden et l’ex-candidate à l’élection présidentielle de 2016 Hillary Clinton. Aucune de ces bombes artisanales n’a explosé. Un suspect a été arrêté. Mais ces tentatives d’attaque ont envenimé le climat électoral.