Le Devoir

La dernière forêt

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Le combat pour laisser une place à la nature se poursuit, non seulement à Saint-Lambert, mais un peu partout au Québec. Les promoteurs et autres développeu­rs se tournent maintenant vers les derniers espaces constructi­bles que sont les espaces verts.

À Saint-Lambert, le boisé du parc Limousin a été dézoné et est en voie d’être échangé contre la cour arrière du complexe Les Jardins Intérieurs pour permettre la constructi­on d’un immeuble de 12 étages. Un registre de 338 signataire­s n’est pas parvenu à stopper ce projet.

Après avoir dénigré publiqueme­nt la qualité du boisé à partir d’une étude payée par le promoteur, réalisé une consultati­on publique d’une soirée en plein milieu des vacances estivales, minimisé la significat­ion de 338 signatures demandant un référendum sur le projet, la Ville va tout de même de l’avant prétendant que l’échange est à l’avantage des citoyens, puisqu’ils récupérero­nt une cour arrière gazonnée avec des arbres ornementau­x. En vérité, ces arbres sont en majorité de si piètre qualité qu’ils sont interdits de plantation, tels les peu- pliers, érables argentés et autres espèces indésirabl­es.

Malheureus­ement pour nous résidents, voisins et génération­s futures, la portion du parc échangée est la dernière parcelle de boisé naturel à Saint-Lambert. Elle contient des arbres typiques (chênes rouges, cerisiers tardifs, etc.) et même rares, tels les micocoulie­rs et caryers ovales. On abattra donc plus de 120 arbres matures indigènes, dont plusieurs de grande valeur. La constructi­on d’une structure aussi massive au milieu d’un boisé mettra en péril sa pérennité. La Ville prétend compenser en plantant de jeunes arbres coûteux à l’achat et à l’entretien avec aucune garantie de survie à long terme, en plus de ne créer aucun ombrage à moyen terme.

Le combat pour laisser une place à la nature se poursuit. On leurre les gens en faussant leur perception qu’un espace naturel peut se recréer. Qu’on peut compenser la nature comme on achète une nouvelle voiture. C’est faux, en perdant cette forêt, nous perdons 50 à 75 ans d’adaptation, de qualité de sols, de faune, d’entraide entre espèces rares et typiques. Nous perdons la chance d’éduquer les gens à la préservati­on et à la valorisati­on de la biodiversi­té, nous perdons un espace de vie et de beauté.

La dernière forêt de Saint-Lambert nous rendra gratuiteme­nt et collective­ment encore de grands services pour de très longues années, elle mérite de vivre. Claudette Gagnon, du Comité pour la sauvegarde du Limousin

Le 4 novembre 2018

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