Imparfaite parité
Le Conseil des ministres du gouvernement Legault est formé de 13 femmes et d’autant d’hommes, alors que la Coalition avenir Québec compte 28 femmes sur 73 élus, une proportion de 38 %, soit tout près du seuil de 40 % qui délimite ce qu’on désigne comme la zone de parité. Mais derrière cette façade, les hommes dominent nettement dans les postes décisionnels au sein des cabinets. Selon une compilation effectuée par La Presse canadienne, dans les 26 cabinets de ministres, auxquels s’ajoutent celui du premier ministre et du whip en chef, on compte deux fois plus d’hommes que de femmes, soit 19 directeurs de cabinet contre 9 directrices. Qui plus est, François Legault a procédé à 21 nominations dans la haute fonction publique depuis qu’il est premier ministre et les deux tiers d’entre elles sont allés à des hommes.
C’est donc dire qu’au plus haut niveau du personnel politique et de la fonction publique, la parité hommes-femmes n’est pas une réalité. C’est vrai avec un gouvernement caquiste, mais c’était vrai aussi sous les libéraux.
À la décharge du premier ministre, lorsqu’un nouveau gouvernement prend le pouvoir, il doit procéder dans la fébrilité à quelque 300 nominations, principalement au sein des cabinets ministériels et des bureaux de circonscription, mais aussi pour certains postes clés de la haute fonction publique.
On fait valoir que les directeurs de cabinet doivent posséder une vaste expérience politique, préférablement au service d’un ministre. Aussi la CAQ a-t-elle dû recruter d’anciens péquistes expérimentés — ils occupent 12 des 26 postes de chefs de cabinet — ainsi que des libéraux et des conservateurs fédéraux.
Les hommes sont plus nombreux à détenir cette expérience, avancet-on. Dans le gouvernement caquiste, nombre de directeurs de cabinet en mèneront large puisque, souvent, ils guident les pas d’un néophyte : seuls François Legault et Marguerite Blais ont été ministres tandis que 16 ministres n’ont aucune — mais alors aucune — expérience politique.
Après avoir répondu à des impératifs de court terme, François Legault ne peut laisser les choses en l’état. S’il est vrai qu’il y a moins de femmes d’expérience au sein de son personnel politique, le premier ministre devra s’assurer que des femmes talentueuses acquièrent une expérience pertinente afin qu’elles puissent occuper les plus hautes fonctions. Tous les ministres caquistes, dont les 13 femmes du Conseil des ministres, devraient en faire une priorité.