Le Devoir

Tony Clement chassé du Parti conservate­ur

L’ex-ministre aurait eu d’autres comporteme­nts inappropri­és

- MARIE VASTEL CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À OTTAWA Avec Hélène Buzzetti

Les sextos partagés par Tony Clement lui auront finalement coûté sa place au caucus conservate­ur. Mais ce qui a pesé le plus lourd dans la balance, pour le chef Andrew Scheer, ce n’est pas tant la menace qu’auraient pu poser les gestes de M. Clement à la sécurité nationale. C’est plutôt que son partage d’images sexuelles n’est peut-être pas un fait isolé en matière de comporteme­nt déplacé sur Internet.

Andrew Scheer ne cachait pas son inconfort, mercredi, après que son député Tony Clement eut admis la veille qu’il avait envoyé des images et une vidéo sexuelleme­nt explicites à une internaute qu’il croyait consentant­e et qu’il s’était retrouvé victime d’extorsion. «Une terrible erreur de jugement », a martelé le chef conservate­ur à son arrivée à la rencontre du caucus. « Je ne crois pas qu’il y ait grand monde qui aurait besoin de se faire dire de ne pas partager des images et des vidéos explicites avec des gens qu’ils n’ont jamais rencontrés », a-t-il laissé tomber.

Quelques heures plus tard, le chef annonçait que Tony Clement avait quitté le caucus à sa demande. « Je l’ai cru sur parole [quand il a dit] qu’il s’agissait d’un incident isolé. Il y a eu depuis de nombreuses informatio­ns, des allégation­s d’autres incidents », a fait valoir Andrew Scheer en après-midi, sans les détailler.

Lorsque M. Clement a annoncé que la GRC enquêtait sur des menaces d’extorsion, mardi soir, quelques internaute­s féminines ont allégué que le député leur avait envoyé des messages privés tard le soir sur Instagram. Il voulait parler de Rob Ford à 1 h du matin, a rapporté sur Twitter Claire McWatt. « Il joue la carte de l’ami puis rend ça sexuel », a indiqué l’internaute « Chronicall­y Sarah». D’autres femmes se sont plaintes que le député « aimait » toutes leurs photos Instagram. Les conservate­urs n’ont pas fait état d’allégation­s d’autres sextos.

Tony Clement, qui est très actif sur les réseaux sociaux, a rétorqué mercredi qu’il « aime toutes sortes de photos sur Instagram ». « Je n’ai jamais envoyé de messages harcelants non sollicités, jamais », a-t-il indiqué au Globe and Mail.

Sécurité nationale menacée

En matinée, Andrew Scheer avait défendu sa décision de ne pas avoir — à ce moment-là — exclu M. Clement de l’équipe conservatr­ice. Bien qu’il ait mal agi, il n’avait posé qu’un seul geste irréfléchi, arguait le chef, qui a appris cette affaire la semaine dernière.

Or, M. Clement était membre du Comité des parlementa­ires sur la sécurité nationale et le renseignem­ent — un comité qui se rencontre à huis clos pour surveiller, sous le couvert du plus grand secret, les opérations du Service canadien du renseignem­ent de sécurité, du Centre de sécurité des télécommun­ications et de la GRC. Tony Clement a quitté son poste dans ce comité et renoncé à son rôle de porte-parole des conservate­urs en matière de justice.

Mais le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a reconnu que des menaces d’extorsion contre un élu qui siège à ce comité ultrasecre­t représenta­ient une « grave affaire ». « Il est extrêmemen­t important que la sécurité soit respectée, sous toutes ses formes, par les gens qui sont associés à cette responsabi­lité parlementa­ire très importante », a fait valoir le ministre, qui a néanmoins indiqué qu’il ne craignait pas que des informatio­ns confidenti­elles aient été compromise­s. M. Clement s’est vu réclamer 50 000 euros, à défaut de quoi les images et la vidéo mentionnée­s plus haut auraient été rendues publiques. Il a averti la GRC et n’aurait rien payé.

Le ministre Goodale n’a pas voulu détailler l’examen des antécédent­s auquel sont soumis les membres du Comité sur la sécurité nationale. Mais il a noté que tout ministre est prévenu, lors de séances d’informatio­n, des techniques et des stratagème­s utilisés pour compromett­re la sécurité nationale et pour cibler les membres du cabinet. Tony Clement a été ministre de l’Industrie, de la Santé et président du Conseil du trésor dans le gouverneme­nt de Stephen Harper.

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ANDREW VAUGHAN LA PRESSE CANADIENNE L’ex-ministre Tony Clement a reconnu un écart de conduite.

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