Le Devoir

Le ministre de la Justice congédié

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WASHINGTON — Le ministre américain de la Justice, Jeff Sessions, a été poussé vers la sortie mercredi par le président Donald Trump, au lendemain des élections de mi-mandat. Le locataire de la Maison-Blanche en a fait l’annonce sur son compte Twitter, moins d’une heure après une conférence de presse au cours de laquelle il s’est engagé à travailler avec la nouvelle majorité démocrate à la Chambre des représenta­nts. Matthew Whitaker, le directeur de cabinet de M. Sessions, a été désigné pour le remplacer jusqu’à ce qu’un candidat « permanent » soit nommé, a aussi fait savoir le président.

Jeff Sessions est dans la mire du président depuis plus d’un an. En mars 2017, cet ultraconse­rvateur de 71 ans a refusé de se voir confier le contrôle hiérarchiq­ue du procureur spécial Robert Mueller, évoquant un conflit d’intérêts avec M. Trump. L’enquête Mueller cherche à établir s’il y a eu collusion entre la Russie et l’équipe du milliardai­re républicai­n pour favoriser son élection à la présidenti­elle de 2016.

En se récusant, Jeff Sessions a délégué le contrôle hiérarchiq­ue du procureur Mueller au numéro deux du ministère de la Justice, Rod Rosenstein, qui a laissé l’ex-directeur de la police fédérale (FBI) agir à sa guise. Ce que le président n’a pas manqué de dénoncer à maintes reprises, reprochant à M. Sessions d’être incapable de le protéger de cette « chasse aux sorcières injuste ».

Avec le changement de garde à la tête de la justice opéré vendredi par M. Trump, les marges de manoeuvre du procureur Mueller pourraient se réduire : Matthew Whitaker risque fort de reprendre la supervisio­n de l’enquête Mueller, avancent plusieurs médias américains.

Cet ancien procureur fédéral a promis après sa nomination de conduire son ministère en suivant « les règles éthiques les plus hautes ». Or, dans une tribune publiée sur le site de CNN en août 2017, M. Whitaker estimait que le procureur spécial allait « trop loin » en s’intéressan­t aux finances du président. « En raison de ses commentair­es », il devrait « se récuser », a commenté le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer. Son collègue Jerrold Nadler, de la Chambre des représenta­nts, a quant à lui dénoncé une « ingérence » du président Trump et prévenu que les démocrates pourraient lancer une enquête parlementa­ire dès janvier à ce sujet.

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