Le Devoir

Asia Bibi libérée, mais toujours au Pakistan

La chrétienne est considérée comme en grave danger puisque des extrémiste­s islamistes rejettent le verdict de la Cour suprême

- SAJJAD TARAKZAI GOHAR ABBAS À ISLAMABAD AGENCE FRANCE-PRESSE

La Pakistanai­se Asia Bibi, libérée de prison dans la nuit de mercredi à jeudi à la suite de son acquitteme­nt par la Cour suprême, se trouve désormais dans un « endroit sûr », mais toujours dans le pays.

« Elle se trouve dans un endroit sécurisé au Pakistan », a déclaré un porteparol­e du ministère des Affaires étrangères, Muhammad Faisal, alors que certains médias avaient fait état d’un départ dans la nuit pour l’étranger.

«#AsiaBibi a quitté la prison et a été transférée dans un endroit sûr ! Je remercie les autorités pakistanai­ses », avait auparavant tweeté le président du Parlement européen, Antonio Tajani, ajoutant l’attendre «dès que possible avec son mari et sa famille » à Bruxelles.

La vie de Mme Bibi, condamnée à mort pour blasphème en 2010 et acquittée la semaine dernière, est considérée comme en grave danger dans le pays du fait des extrémiste­s islamistes qui rejettent le verdict de la Cour suprême.

Sa famille a sollicité ces derniers jours l’aide de plusieurs pays occidentau­x pour les accueillir. Son sort a suscité une grande mobilisati­on dans les pays occidentau­x ces dernières années.

Fureur des islamistes

L’annonce de sa libération a d’ores et déjà provoqué la fureur des milieux islamistes radicaux, qui appellent de longue date à son exécution.

Quelque 10 000 protestata­ires ont défilé jeudi à Karachi, la grande ville du sud du Pakistan, criant des slogans comme « Pendez Asia ». « Nous pouvons sacrifier nos vies, mais nous ne ferons jamais de compromis sur l’honneur du prophète », a lancé un orateur à la tribune. D’autres manifestat­ions pourraient suivre vendredi.

Le compromis passé avec le Tehreek-eLabaik Pakistan, un parti religieux a valu au gouverneme­nt de vives accusation­s de « reddition » face aux extrémiste­s.

« Pas une seule goutte de sang n’a été versée pendant ces trois jours et le sit-in s’est achevé par des négociatio­ns pacifiques », a justifié jeudi le secrétaire d’État à l’Intérieur, Shehryar Khan Afridi, devant le Parlement.

Demandes d’asile

Le calvaire de Mme Bibi, ouvrière agricole chrétienne âgée d’une cinquantai­ne d’années et mère de famille, remonte à une dispute avec des villageois­es musulmanes au sujet d’un verre d’eau en 2009. Elle avait été condamnée l’année suivante à mort pour blasphème et ses recours ont tous été rejetés.

Le mari d’Asia Bibi a réclamé samedi l’asile pour sa famille aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou au Canada, arguant d’un trop grand danger s’ils restaient au Pakistan.

Newspapers in French

Newspapers from Canada