Le Devoir

L’aérospatia­l se serre les coudes après l’annonce de Bombardier |

L’entreprise a annoncé jeudi dernier l’abolition de 2500 postes

- FRANÇOIS DESJARDINS

Bombardier va fournir au gouverneme­nt et à l’industrie une liste des corps de métier qui seront touchés par les 2500 abolitions de postes annoncées jeudi dernier, a indiqué lundi matin le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, au terme d’une rencontre au sommet avec l’entreprise et divers employeurs du secteur.

Quatre jours après que Bombardier eut pris tout le monde de court avec son intention de réduire la taille de son effectif, le ministre a rencontré des représenta­nts du secteur aérospatia­l, du milieu syndical et de l’entreprise pour commencer à tracer des pointillés entre les départs qui auront lieu d’ici 18 mois et les besoins criants que vit l’industrie en matière de main-d’oeuvre.

« On a une industrie qui est en santé, qui est solide, qui a des besoins importants», a dit M. Fitzgibbon lors d’une conférence de presse en compagnie de ses interlocut­eurs. Invité à expliquer l’absence remarquée du président de Bombardier, Alain Bellemare, il a dit que l’entreprise avait envoyé deux représenta­nts et que ceux-ci avaient « contribué très activement à la discussion ».

Atténuer l’impact

Parmi les participan­ts à la rencontre se trouvaient des hauts dirigeants de sociétés, telles que Bell Helicopter, CAE et MDA, de même que la présidente d’Aéro Montréal, qui réunit les entreprise­s de toute l’industrie, et le syndicat des Machiniste­s.

«Ce n’est pas aujourd’hui un enjeu Bombardier. Je ne veux pas banaliser l’enjeu des employés, mais je suis très confiant de l’engagement des joueurs de l’industrie, et [confiant du fait] qu’on va atténuer complèteme­nt l’impact des mises à pied », a dit M. Fitzgibbon.

Le ministre s’est entretenu avec M. Bellemare au cours des derniers jours et les deux ont convenu de se rencontrer en personne prochainem­ent pour parler de l’industrie en général et « éviter des surprises futures », a dit le ministre.

« Bombardier est une multinatio­nale, et M. Bellemare a un agenda qui est très, très, très chargé », a dit le vice-président aux relations externes de l’entreprise, Olivier Marcil, qui était présent.

« Il soutient parfaiteme­nt l’initiative qu’on a tenue ici aujourd’hui, a ajouté M. Marcil. Il s’est entretenu avec le ministre Fitzgibbon à plusieurs reprises depuis quelques jours. Il vit au Québec, il est conscient de ce qui se passe. Mais encore une fois, il gère un géant du rail et de l’aviation. »

Au pied de la faillite en 2015 avant l’interventi­on financière des gouverneme­nts, Bombardier a annoncé jeudi la suppressio­n de 5000 emplois dans le monde, soit 7% de son personnel, dans les 12 à 18 mois prochains. De ce nombre, 2500 toucheront ses établissem­ents québécois et 500 auront lieu ailleurs au Canada. La compagnie, qui a cédé le programme C Series à Airbus cet été, veut notamment redéployer des ingénieurs aéronautiq­ues vers ses avions d’affaires.

Déficit de personnel

L’industrie aéronautiq­ue embauche sans cesse, a indiqué le coordonnat­eur de l’Associatio­n internatio­nale des machiniste­s et des travailleu­rs et travailleu­ses de l’aérospatia­le (AIMTA), David Chartrand. « Les écoles sont incapables de fournir », a-t-il dit aux journalist­es en se disant encouragé par la rencontre.

Le plus difficile pour les employés de Bombardier, a précisé M. Chartrand, c’est de ne pas savoir si leur emploi est touché ou non, quelques semaines avant Noël. «Il faut envoyer un bon message à la population, pour les gens qui pensent que l’industrie ne va pas bien, parce que c’est faux. Aussi, on a un engagement formel de la part du gouverneme­nt que ce n’est pas un show de boucane. »

Une prochaine étape consistera aussi à essayer de comprendre la suite du programme des avions régionaux CRJ, selon M. Chartrand. « Je n’aimerais tellement pas qu’on arrive devant un fait accompli, si c’est vendu à un employeur qui amène ça ailleurs… Il y a un certain nombre d’emplois liés au CRJ, mais c’est aussi un avion qui compte sur beaucoup de sous-traitants dans les environs. »

Moins inquiète, la présidente d’Aéro Montréal, Suzanne Benoît, a indiqué au Devoir que les contrats d’approvisio­nnement entre un assembleur et un fournisseu­r sont des ententes à long terme.

Le ministre veut commencer à tracer des pointillés entre les départs qui auront lieu d’ici 18 mois et les besoins criants que vit l’industrie en matière de main-d’oeuvre

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Une rencontre a eu lieu lundi entre le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon (au centre), l’entreprise et des représenta­nts de l’industrie.

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