Des flammes et des pleurs
Chris et Nancy Brown s’enlacent au milieu de ce qui était leur maison, à Paradise, au nord de la Californie. Les violents incendies de forêt continuent leur oeuvre destructrice. Une quarantaine de morts ont été recensées jusqu’à présent.
« Pour le moment, on doit juste se réjouir d’être en vie. Il ne faut pas penser à tout ce qu’on a perdu », affirme Diane Mullin, résidente de Paradise rescapée des flammes, sans pour autant parvenir à contenir une larme.
Qu’ils songent à partir loin ou soient déterminés à reconstruire leur vie comme avant, la plupart des évacués interrogés lundi par l’AFP étaient encore sous le choc quatre jours après l’incendie qui a ravagé la petite ville californienne et ses environs.
« Des quartiers entiers ont été décimés, des rues, un pâté de maisons après l’autre […] La maison de ma fille, celle de sa belle-mère, toutes les maisons de leur rue ont été détruites. Réduites en cendres. C’est terrible », dit en tremblant encore Elizabeth Gorman, l’une des dizaines de milliers de sinistrés à avoir fui le brasier.
Comme beaucoup d’autres, la quinquagénaire ignore encore dans quel état se trouve sa maison, car les autorités maintiennent l’ordre d’évacuation générale et refoulent implacablement les habitants qui tentent de revenir en ville.
Certains ont trouvé refuge dans la famille ou chez des amis, d’autres dans des hôtels — qui affichent complet à des dizaines de kilomètres à la ronde. Les moins chanceux, et souvent les plus démunis, en sont réduits à dormir dans quelques centres d’accueil ouverts dans des églises ou des écoles secondaires.
Comme Elizabeth Gorman, qui compte sur les assurances pour lui trouver rapidement un logement provisoire, puis reconstruire sa vie.
«Ça va des bébés aux personnes âgées. En tout, il y a près de 200 personnes qui dorment ici, et beaucoup plus qui passent durant la journée pour manger ou se mettre au chaud », explique Paul Stanbrook, l’un des superviseurs de la Croix-Rouge américaine qui gère le centre établi à la Neighborhood Church de Chico, ville voisine de Paradise.
L’AFP n’a pas été admise à l’intérieur du centre.
Derrière le bénévole, venu spécialement de Caroline du Nord, une douzaine d’évacués finissent de prendre leur petitdéjeuner sur des tables de camping, regardant d’un oeil absent une télévision dressée sur un carré de pelouse.
Diane Mullin est de ceux-là. Elle sait qu’elle a tout perdu, mais veut « rester positive ».
« Nous allons reconstruire, petit à petit. On va reconstruire notre maison. On va reconstruire la ville, parce que c’est une ville magnifique. Je ne m’imagine pas vivre ailleurs ! »
« Mais chaque chose en son temps…», lâche-t-elle, réprimant un sanglot et reconnaissant ne pas très bien savoir quoi faire dans l’immédiat.
Non loin d’elle, Glenn Simmons, retraité de 64 ans qui dort dans sa voiture faute de place dans le centre — «c’est mieux que rien» —, est tout aussi déboussolé.
« J’attends de voir. Je ne sais pas ce qui va se passer. Beaucoup de choses irremplaçables ont brûlé. Beaucoup de souvenirs», confie d’une voix douce cet artiste.