La déportation innue
Sans doute le passage le plus bouleversant, et instructif, du documentaire est-il celui lors duquel Baudoin Lalo, invité à prononcer une allocution au Musée canadien de la guerre à Ottawa, relate la déportation des Innus de Pakuashipi, en août 1961.
« Lorsque le jour arriva, sans exception, hommes, femmes, enfants, bébés, bagages, prirent place à bord d’un container 10x10 grillagé. Une fois le container plein… »
S’ensuit un silence ému, court mais déchirant au bout duquel Baudoin Lalo reprend : « Ils furent hissés à bord du bateau vers la cale. Le seul bruit qu’ils entendirent fut celui des portes coulissantes qui se fermaient audessus de leurs têtes. »
On infligea alors aux Innus un périple de deux jours sans toilettes, sans nourriture, sans eau…
«… Et sans clarté. Arrivés à destination, personne ne les attendait comme le leur avait pourtant promis le surintendant. On dit qu’ils ont dormi à la belle étoile. »
Cela, au moment où le Québec vivait sa Révolution tranquille et mettait en place son État-providence, expression laissant, dans ce contexte précis, un arrièregoût amer. En entrevue, Nicolas-Alexandre Tremblay et Stéphane Trottier disent à ce propos espérer qu’un documentariste innu pourra revenir sur cet épisode ignominieux absent, comme tant d’autres, des livres d’histoire. les deux amis seront un peu en famille mardi soir.
D’ailleurs, ils sont si nombreux à s’être procuré des billets que les deux représentations prévues affichent complet. Qu’à cela ne tienne : la Cinémathèque offrira trois séances supplémentaires pour Les Coasters les 20, 23 et 26 novembre avant que le film parte en tournée à Saint-Jean-sur-Richelieu (20 novembre), Lennoxville (6 décembre) et Québec (9 et 11 décembre).
Les Coasters sera diffusé à Unis TV le 21 janvier.