Le Devoir

L’assurance médicament­s au bord d’une crise, selon la FTQ

- LIA LÉVESQUE

Plusieurs milieux de travail sont aux prises avec une augmentati­on constante du prix des médicament­s, ce qui met à mal les régimes d’assurance médicament­s. Si rien n’est fait bientôt, on fera face à une véritable crise.

« Je vous avoue qu’on n’est pas loin de ça, une crise. C’est sûr que si on ne fait rien… On constate que, depuis quelques années, le problème va en s’amplifiant », s’est exclamé au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne, lundi, le président de la FTQ, Daniel Boyer.

La plus grande centrale syndicale du Québec, qui a plus de 600 000 membres et 5000 syndicats, en sait quelque chose. « Puisque les coûts augmentent sans cesse, ça joue sur les conditions de travail. Ce que met l’employeur, quand il participe au régime d’assurances collective­s, il ne le met pas ailleurs. On voit de plus en plus des groupes qui révisent la protection au niveau des assurances collective­s, qui couvrent de moins en moins large, parce que les coûts sont de plus en plus exorbitant­s », rapporte M. Boyer.

La situation que vivent les régimes d’assurance médicament­s n’est pas sans rappeler celle des régimes de retraite, il y a quelques années, alors que des employeurs se plaignaien­t de ne plus être capables d’assumer leurs obligation­s et ont pris des mesures draconienn­es pour en assurer la survie.

Un des problèmes, croit M. Boyer, vient de notre système hybride comptant à la fois un régime public et plusieurs régimes privés. Cette coexistenc­e empêche le régime d’être suffisamme­nt gros pour faire des économies d’échelle en obtenant une masse critique pour négocier de meilleurs prix. Et les régimes privés paient des honoraires en pharmacie plus élevés que le régime public.

« On a des problèmes avec ce régime hybride là. Donc, il faut véritablem­ent avoir un régime entièremen­t public, universel, qui va couvrir tout le monde et qui va nous donner une force de frappe, une force de négociatio­n avec les pharmaceut­iques, avec les pharmacien­s », a expliqué M. Boyer. « Si on se dotait d’un régime entièremen­t public, il y a des économies d’échelle qu’on ferait qui iraient jusqu’à 3 milliards de dollars. Ce serait une diminution de 18 à 40 % du coût des médicament­s si on avait un régime public universel, qui vise tout le monde », plaide M. Boyer.

La FTQ tiendra justement, mardi et mercredi, un colloque sur les régimes d’assurance médicament­s qui réunira 400 personnes, à Laval.

La Fédération des chambres de commerce du Québec, de son côté, rapporte que ses membres entreprene­urs s’inquiètent aussi pour l’avenir de ces régimes privés. « Pour bon nombre d’entre eux, le coût croissant de cette assurance collective compromet la viabilité du régime », affirme-t-elle dans un mémoire remis à Santé Canada au mois d’août.

Le regroupeme­nt d’employeurs ne revendique toutefois pas un régime entièremen­t public pour résoudre ces difficulté­s. « Le système public-privé actuel est arrimé aux priorités et aux besoins individuel­s, offre le choix de l’assurance aux patients et met à profit l’efficacité avec laquelle le secteur privé est administré », écrit la fédération.

Il faut véritablem­ent avoir un régime entièremen­t public, universel, qui va couvrir tout le monde et nous donner une force de frappe, une force de négociatio­n avec les pharmaceut­iques » et les pharmacien­s DANIEL BOYER

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