Dans l’ombre d’une loi spéciale
La fin de semaine sera particulièrement achalandée dans le commerce de détail
À l’approche d’une fin de semaine achalandée dans le commerce de détail, Ottawa maintenait la pression en faveur d’un règlement négocié chez Postes Canada. La société d’État multiplie pour sa part les avertissements sur les retards de livraison qui s’accumulent.
Ottawa a reconduit mardi le mandat du médiateur spécial nommé le 24 octobre et maintenait l’option d’une loi spéciale de retour au travail « dans les prochains jours ». En matinée, le premier ministre Justin Trudeau répétait son appel à un règlement négocié chez Postes Canada et exhortait les deux parties à résoudre leur différend rapidement. Il pointait en direction d’un week-end plutôt actif dans le commerce du détail, avec le « cyber lundi » prenant le relais du « vendredi fou ». Subissant la pression des grands de la distribution et des PME, le premier ministre s’en est tenu à répéter qu’il examinait les options disponibles afin de mettre un terme à ce conflit.
Puis la ministre du Travail, Patricia Hajdu, réitérait sa « confiance en la procédure de négociation collective ». Elle a toutefois déploré le peu de progrès après les recours à des conciliateurs, des médiateurs et l’offre d’un arbitrage volontaire dans ce conflit. «Nous avons épuisé toutes nos options », a-t-elle soutenu.
Lundi, la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Carla Qualtrough, empruntait la même ligne directrice. « Il y a Noël qui approche et le “Black Friday ”, et franchement, l’économie souffre et nous devons faire quelque chose », a-t-elle déclaré tout en réitérant la préférence du gouvernement pour une entente négociée.
Le conflit est désormais lourdement ressenti. D’abord chez Postes Canada, qui a dû interrompre ses garanties sur ses livraisons à temps. Même une entente de dernière minute ne pourrait empêcher un débordement des livraisons des colis reçus à l’an prochain, soutenait la société d’État mardi. Puis chez les PME.
Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) venait de rejeter la trêve proposée par Postes Canada. Une porte-parole faisait valoir à La Presse canadienne que les moyens de pression des syndiqués étaient justement ce qui avait fait bouger les choses après plusieurs mois d’immobilisme de la partie patronale. « La semaine dernière, c’était la première fois que Postes Canada faisait une offre dans laquelle il y avait certaines avancées après onze mois d’attente. Pourquoi ne l’ont-ils par fait avant ? » s’interrogeait Lise-Lyne Gélineau, présidente de la section locale de Montréal du STTP. «Nous avons fait deux contre-offres samedi, auxquelles ils n’ont pas répondu, et ils arrivent avec cette demande de trêve. »
L’exécutif priorise une poursuite de la négociation. En ce 30e jour de grèves tournantes avec pour objectif le renouvellement des conventions collectives des postiers urbains, ruraux et suburbains, le STTP estime qu’un règlement est toujours possible, peut-on lire sur le site du syndicat.
Conflit lourdement ressenti
Le conflit est désormais lourdement ressenti. D’abord chez Postes Canada, qui a dû interrompre ses garanties sur ses livraisons à temps. Même une entente de dernière minute ne pourrait empêcher un débordement des livraisons des colis reçus à l’an prochain, soutenait la société d’État mardi. Les centres de tri et de distribution à Vancouver, Edmonton. Montréal et davantage encore à Toronto, ont accumulé beaucoup de volume, avec des centaines de camions remplis de colis et de courrier restant stationnés, malgré les appels faits aux partenaires internationaux de suspendre leurs livraisons depuis l’étranger.
Puis chez les PME. Joignant sa voix aux pressions exercées par les détaillants, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a publié mardi les données d’un sondage réalisé auprès de ses membres. Les deux tiers des PME canadiennes interrogées affirment avoir été touchées négativement par la grève à Postes Canada. « Pour ces dernières, les coûts de ces impacts s’élèvent à environ 3000 $ en moyenne », chiffre la FCEI.