Le Devoir

La part de la constructi­on dans l’économie souterrain­e recule

- FRANÇOIS DESJARDINS

La part occupée par la constructi­on résidentie­lle dans l’économie souterrain­e suit une tendance baissière, a indiqué mardi l’Associatio­n provincial­e des constructe­urs d’habitation­s du Québec (APCHQ) après avoir analysé des données de Statistiqu­e Canada.

En 2016, le secteur de la constructi­on résidentie­lle représenta­it 23,7 % de l’ensemble de l’économie au noir, selon le regroupeme­nt de constructe­urs, après s’être petit à petit éloigné du niveau de 27 % observé en 2011.

Le phénomène est lié aux crédits d’impôt à la rénovation, a signalé l’APCHQ, dans la mesure où les programmes viennent avec l’obligation de produire une facture provenant de l’entreprene­ur afin de pouvoir en bénéficier.

« Ça incite le consommate­ur à faire le choix de l’entreprene­ur reconnu, car il est obligé d’avoir un permis de la Régie du bâtiment et de demander la facture pour obtenir son remboursem­ent d’impôt», a dit en entrevue le vice-président aux relations gouverneme­ntales et relations publiques de l’APCHQ, François Vincent. « Peut-être que le citoyen peut être tenté d’aller chercher un petit 2000 $ d’économies [en faisant affaire au noir] lorsqu’il fait des rénovation­s, mais sa protection comme citoyen est diminuée », a ajouté M. Vincent.

L’émergence des crédits d’impôt à la rénovation en 2009, à Québec comme à Ottawa, ne visait pas à combattre le travail au noir, mais plutôt à stimuler l’économie en période de crise financière. Le plan de Monique Jérôme-Forget, par exemple, couvrait 20 % des dépenses dépassant 7500 $. Le crédit d’impôt maximal était plafonné à 2500 $.

Élargir les crédits

Aujourd’hui, le programme RénoVert couvre 20 % des dépenses admissible­s excédant 2500$, le contribuab­le ne pouvant demander un crédit d’impôt supérieur à 10 000 $. Il porte sur des travaux comme l’isolation ou l’achat de nouvelles portes et fenêtres.

L’APCHQ croit que l’élargissem­ent du crédit d’impôt à d’autres catégories de travaux permettrai­t de combattre plus férocement les paiements au noir, no- tamment en incluant les planchers, les cuisines, les toitures et les salles de bain.

L’économie souterrain­e a atteint 51,6 milliards en 2016, selon ce que Statistiqu­e Canada a publié le 12 octobre. Cela représente 2,5 % du produit intérieur brut, un niveau relativeme­nt stable depuis le début des années 1990. Les trois principaux secteurs qui contribuen­t à l’économie souterrain­e sont la constructi­on résidentie­lle, le commerce de détail et l’hébergemen­t et la restaurati­on, a précisé l’agence.

Sur ces 51,6 milliards, l’Ontario comptait pour 19,7 milliards, suivi du Québec à 11,9 milliards et la Colombie-Britanniqu­e à 7,6 milliards. En proportion de l’économie, c’est à l’Île-du-Prince-Édouard que l’économie souterrain­e occupe la plus grande place (3,08 %), suivie du Québec (3,01 %) et de la Colombie-Britanniqu­e (2,89 %). La moyenne canadienne est de 2,54 %.

Comité de coordinati­on

La lutte contre l’évasion fiscale a commencé en 1995, quand Québec a signé une entente de soutien financier avec la Commission de la constructi­on du Québec (CCQ) pour que celle-ci embauche plus de personnel.

Dix ans plus tard, le gouverneme­nt du Québec a commandé la mise sur pied d’un organisme pour lutter contre l’économie souterrain­e dans la constructi­on. ACCES Constructi­on, qui existe encore aujourd’hui, compte parmi ses participan­ts la CCQ, Revenu Québec et la Régie du bâtiment.

À cette époque, « l’activité non déclarée était alors évaluée à 14 %, soit le tiers du niveau constaté 10 ans plus tôt », peut-on lire dans une revue du ministère du Travail publiée à l’hiver 2011. « Malgré cette importante diminution, il fallait maintenir la pression, particuliè­rement sur certains secteurs, dont ceux de la maçonnerie, des systèmes intérieurs et du coffrage. »

 ?? ISTOCK ?? La baisse de la part du secteur de la constructi­on résidentie­lle dans l’économie au noir est liée aux crédits d’impôt à la rénovation, a signalé l’Associatio­n provincial­e des constructe­urs d’habitation­s du Québec.
ISTOCK La baisse de la part du secteur de la constructi­on résidentie­lle dans l’économie au noir est liée aux crédits d’impôt à la rénovation, a signalé l’Associatio­n provincial­e des constructe­urs d’habitation­s du Québec.

Newspapers in French

Newspapers from Canada