Le Devoir

Trump évite de froisser l’Arabie saoudite

- SEBASTIAN SMITH ET FRANCESCO FONTEMAGGI À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

Le prince héritier saoudien était peutêtre bien au courant du meurtre du journalist­e Jamal Khashoggi, mais cela ne remettra pas en cause la relation « inébranlab­le » entre Washington et Riyad. Pressé de hausser le ton, Donald Trump a préféré mardi préserver une alliance qu’il juge stratégiqu­e.

Selon plusieurs médias américains, dont le Washington Post avec lequel le journalist­e saoudien critique du royaume collaborai­t, la CIA n’a plus de doutes sur la responsabi­lité de Mohammed ben Salmane, dit « MBS », le puissant prince héritier d’Arabie saoudite.

Mais Donald Trump a assuré mardi que les agences de renseignem­ent américaine­s continuaie­nt « d’analyser toutes les informatio­ns ».

Sans attendre, il a toutefois tenu à mettre fin au suspense : « Il se pourrait très bien que le prince héritier ait eu connaissan­ce de cet événement tragique — peut-être, peut-être pas ! » a-til dit dans un communiqué.

« Dans tous les cas, notre relation est avec le Royaume d’Arabie saoudite. […] Les États-Unis entendent rester un partenaire inébranlab­le de l’Arabie saoudite », a-t-il ajouté.

Le président américain a énuméré toutes les raisons qui rendent cette alliance stratégiqu­e à ses yeux: lutte contre l’Iran, ennemi commun, combat contre le « terrorisme islamique radical », achat d’armes américaine­s ou encore stabilité des prix du pétrole, dont Riyad est le premier exportateu­r mondial.

L’image de Riyad ternie

Jamal Khashoggi, qui vivait aux ÉtatsUnis, a été tué le 2 octobre au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul où il était allé faire des démarches pour son futur mariage avec une jeune femme turque.

Ce meurtre a terni l’image du royaume saoudien et de Mohammed ben Salmane, dont la plupart des observateu­rs estiment qu’il ne pouvait pas ne pas être au courant de l’opération.

La plupart des exécutants sont connus et Washington a imposé la semaine dernière des sanctions financière­s contre 17 d’entre eux au moment où la justice saoudienne annonçait une série d’inculpatio­ns.

Le Congrès américain, y compris dans les rangs républicai­ns du président Trump, demande toutefois à Washington d’aller plus loin et de sanctionne­r les commandita­ires.

« Je comprends que des membres du Congrès veuillent aller dans une autre direction, pour des raisons politiques ou autres — ils sont libres de le faire », a affirmé Donald Trump dans son communiqué.

Les parlementa­ires américains pourraient engager des procédures pour prendre des sanctions plus sévères ou stopper les ventes d’armes à Riyad.

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