François Paradis plaide pour plus de transparence
Le nouveau président de l’Assemblée nationale veut faire reculer le cynisme de la population envers la politique
L’ex-animateur de télé François Paradis veut faire grimper les cotes d’écoute de l’Assemblée nationale. Après avoir été élu sans opposition à la présidence, l’homme politique de 61 ans a appelé les nouveaux et anciens députés à «améliorer [les] pratiques» en matière de transparence et de gestion dans la « Maison du peuple ».
« Les Québécoises et les Québécois nous envoient des messages clairs. On ne peut pas faire semblant de ne pas les entendre. La population réclame davantage de transparence, une gestion toujours plus rigoureuse. Eh bien, je vous le dis, j’en suis», a-t-il déclaré après avoir été tiré de force par les chefs des quatre groupes parlementaires François Legault, Pierre Arcand, Pascal Bérubé et Manon Massé vers le fauteuil de la présidence.
Comme le veut la tradition, M. Paradis avait feint de résister, afin de rappeler le sort réservé à sept présidents de la Chambre des communes du Parlement de Westminster. «[Ils] avaient été décapités, rien de moins, sur ordre du roi », a relaté le député de Lévis.
Promettant de « garder la tête froide », le 46e président de l’Assemblée nationale s’est engagé mardi à « ouvrir [les] portes [du Parlement] à tous » et à y favoriser « une démocratie moderne, efficace, innovante», y voyant des façons de faire reculer le cynisme de la population envers la classe politique. « Nous allons tout faire pour qu’à travers nos travaux, les périodes de questions et réponses, notre attitude, notre ton, nous atteignions notre objectif de continuer à mieux vous servir pour que vous soyez fiers de celles et ceux en qui vous avez placé votre confiance», a poursuivi M. Paradis tout en fixant la caméra braquée sur lui. « Derrière la caméra, il y a des gens qui croient en nous, et je les souhaite de plus en plus nombreux », a souligné l’ex-animateur de TVA en direct.com.
Devoir d’exemplarité
Le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, a aussi insisté sur le «devoir d’exemplarité» des députés. « Nous avons bien besoin de transparence, nous avons un devoir d’exemplarité, de bien gérer le dur labeur des Québécois et des Québécoises, a-t-il déclaré. Nous devons trouver des moyens d’être plus efficaces, plus près des gens et de leurs préoccupations, des moyens de rendre les Québécois fiers de leur Parlement. »
Le leader parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, trépignait d’impatience mardi à l’idée de « faire un grand ménage sur le plan de la transparence » au Parlement. « Les homards, il faut que ça soit fini ; la culture du club privé, il faut que ce soit terminé », avait-il fait valoir avant de rejoindre le Salon bleu.
Il y a même des gens qui ont dit : bien, ce nouveau président-là, il va-tu se mettre à lire des courriels puis à prendre des appels ? Bien, justement, j’aimerais qu’on joigne Mme Tremblay, qui est dans la… Non, c’est » des blagues. Mais attention, qui sait ? Qui sait ?
FRANÇOIS PARADIS
Devoir de neutralité
M. Paradis a été réélu sous la bannière de la Coalition avenir Québec le 1er octobre dernier, mais est désormais astreint à un devoir de « neutralité ». « Cette neutralité doit s’exercer en tout temps, tant en matière de gestion budgétaire que d’allocation des ressources », a fait remarquer le chef de l’opposition officielle, Pierre Arcand. « Vous devez, entre autres, faire en sorte qu’on puisse s’assurer que le député [a] un rôle qui grandit de jour en jour », at-il ajouté. M. Paradis a acquiescé d’un signe de tête.
Le premier ministre, François Legault, a promis de son côté de « valoriser le rôle de député », notamment en lui octroyant « plus de pouvoirs ». Le dépôt prochain du projet de loi prévoyant
la désignation des grands patrons de la SQ, de l’UPAC, et du DPCP à un vote aux deux tiers de l’Assemblée nationale s’inscrit dans cet esprit, a-t-il mentionné dans une brève allocution.
Le chef du gouvernement a aussi invité les élus à «travailler ensemble» sur un projet de loi modifiant le mode de scrutin, afin de permettre à l’Assemblée nationale d’être plus représentative du choix réel des électeurs. « Ce qui est visé, justement, c’est de donner plus de pouvoir au vote des citoyens et, par conséquent, aux députés qui sont choisis par la suite », a soutenu le nouveau doyen de l’Assemblée nationale.