Le Devoir

Plus de GES avec ou sans troisième lien Québec-Lévis ?

- Michel Poulin Lévis

Je suis un citoyen de Lévis, autrefois citoyen de Québec. Quand j’étais à Québec, je travaillai­s à Lévis. Depuis que je suis à Lévis — et maintenant à la retraite —, je me rends régulièrem­ent à Québec pour faire du bénévolat, et pour beaucoup d’autres motifs.

Ô combien d’heures passées sur la 20 pendant toutes ces années ! Ô combien de kilométrag­e inutile et de gaz à effet de serre relâchés dans l’environnem­ent. Mais je ne suis pas le seul. Aux heures de pointe, l’autoroute est totalement encombrée dans les deux sens de milliers de citoyens roulant au pas de tortue pour se rendre de l’autre côté du fleuve, souvent juste en face de leur domicile, en empruntant un parcours inutile d’une quarantain­e de kilomètres deux fois par jour. Et que dire des gens de la Côte-de-Beaupré, de Charlevoix, du Saguenay et de la Côte-Nord voulant se rendre dans l’est du Québec — ou même à Lévis — et qui encombrent eux aussi les artères de Québec pour accéder au pont Pierre-Laporte et ensuite saturer l’autoroute 20 ? De l’essence gaspillée à la tonne, des autos usées prématurém­ent et tout le tralala. Sans compter — et c’est sans doute le pire — tous ces camions lourds qui polluent eux aussi à pleins tuyaux en faisant patiemment le grand tour ? Même le transport en commun pollue plus que de raison, à cause de tous ces autobus, pas toujours pleins d’ailleurs, qui crachent eux aussi en continu leur crasse dans l’environnem­ent en accompliss­ant le même parcours inutile.

Pourquoi ne pas combattre cette pollution et ce capharnaüm en aménageant — à l’est évidemment ! — un chemin direct qui éliminera des millions et des millions de trajets inutiles consacrés à faire le grand tour ? Ne serait-ce pas du même coup une bonne façon, grâce à des trajets plus directs, plus courts et plus rapides, de rendre les transports en commun plus efficients et plus attirants ?

Je suis personnell­ement convaincu qu’il est préférable, sur le plan écologique, d’accepter un peu d’étalement urbain que de pérenniser l’énorme gaspillage actuel. Et cet étalement urbain potentiel, on pourrait le minimiser grandement par une applicatio­n stricte de la Loi sur la protection du territoire agricole et par des plans intelligen­ts d’urbanisme et d’aménagemen­t du territoire, comme il semble y en avoir à Lévis, justement.

Situation particuliè­re

Il est sans doute vrai que l’ajout d’autoroutes ou leur élargissem­ent incite souvent les gens à déménager en banlieue, ce qui peut occasionne­r plus de pollution à moyen terme. Mais ce n’est pas là un dogme ou une vérité de foi ne pouvant souffrir aucune exception. Il faut se servir de discerneme­nt et examiner soigneusem­ent les deux côtés de la médaille, en faisant la liste des pour et des contre et en tenant compte de la situation particuliè­re dans laquelle on se trouve.

Or, Québec et Lévis sont justement dans une situation particuliè­re. Ce sont des villes jumelles inextricab­lement liées l’une à l’autre, depuis toujours, de chaque côté du grand fleuve. Un peu comme Buda et Pest, de chaque côté du Danube, qui sont reliées par de nombreux ponts. On n’empêchera pas les gens de circuler d’un côté à l’autre. Si on ne leur offre pas des points de passage en nombre suffisant et aux endroits stratégiqu­es, on s’assure de vivre dans un immense bordel ad vitam aeternam.

Et qu’on ne s’imagine pas que tout le monde va toujours accepter de passer des heures en autobus avec des paquets plein les mains, des enfants à reconduire à la garderie ou un rendez-vous urgent à ne pas manquer. Sans compter le trajet à pied ou en auto qu’il faut souvent faire pour se rendre à l’arrêt d’autobus au vent, au grand froid ou à la pluie battante. Pas évident non plus de se trouver un stationnem­ent à proximité. Quant à compter sur le vélo pour régler les problèmes de communicat­ion entre les deux rives, faisons preuve d’un peu de réalisme !

Améliorer les transports en commun est une nécessité absolue pour protéger l’environnem­ent — tout comme le télétravai­l, le covoiturag­e, l’éliminatio­n graduelle des automobile­s polluantes et autres 4 x 4 —, mais ça ne réglera pas tout.

Québec et Lévis sont des villes liées, il leur faut donc des liens…

Des liens en nombre suffisant et aux endroits stratégiqu­es.

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