Ontario : la Tournée Québec Cinéma en péril
Effet collatéral des coupes budgétaires du gouvernement Ford dans le soutien à la francophonie ontarienne : la Tournée Québec Cinéma en Ontario est compromise.
L’Office des affaires francophones (OAF) de l’Ontario a annoncé à l’organisme, début novembre, qu’il annulait le financement déjà prévu pour les représentations d’Orléans et de Toronto.
La nouvelle est tombée à quelques jours seulement de l’arrêt de la tournée à Orléans, dans l’Est ontarien, du 8 au 11 novembre. « On était prêts à partir, donc on a décidé d’y aller quand même », a expliqué mardi en entrevue la directrice générale de Québec Cinéma, Ségolène Roederer.
Le coût des quatre journées de diffusion de films québécois a été épongé par l’organisme. Mais pour que l’arrêt de la tournée prévu à la mi-avril à Toronto soit maintenu, Québec Cinéma devra trouver une autre source de financement.
« On travaille très fort. On va tout faire pour pouvoir y aller dans de bonnes conditions», assure Mme Roederer en entrevue. Surtout « en cette période qui s’annonce difficile pour les Franco-Ontariens », pointe-t-elle.
En 15 ans d’existence, la Tournée Québec Cinéma a permis la diffusion de plus de 250 films québécois à travers le pays, rejoignant quelque 90 000 francophones et francophiles
Autres financements
Dans chaque province, Québec Cinéma s’allie à un partenaire provincial pour financer un arrêt de la tournée (entre 15 000 $ et 20 000 $). Le Secrétariat du Québec aux relations canadiennes (SQRC) égalise ensuite ce montant. En se désengageant du projet, l’OAF a donc de facto fait tomber la subvention octroyée par le SQRC.
« Ça fait au moins 10 ans qu’on va en Ontario et là, paf, plus rien », s’attriste Ségolène Roederer.
Pour garantir la pérennité de la tournée, Québec Cinéma envisage d’autres avenues, dont un financement de Patrimoine canadien. Un dossier a déjà été déposé à cet effet. Et l’organisme espère que le ministère ontarien des Affaires francophones, dont la remise en place a été annoncée vendredi par Doug Ford et qui est destiné à remplacer l’OAF, rétablira les deniers tant souhaités.
« Notre projet est essentiel pour faire voyager nos productions et offrir des films francophones » dans un marché où très peu de longs métrages sont diffusés en français sur grand écran, argue Mme Roederer.
En 15 ans d’existence, la Tournée Québec Cinéma a permis la diffusion de plus de 250 films québécois à travers le pays, rejoignant quelque 90 000 francophones et francophiles. Cette année, une douzaine de communautés du pays seront visitées. Des acteurs ou réalisateurs connus embarquent dans la caravane pour aller à la rencontre d’écoliers durant la journée, et de cinéphiles en soirée.
« Comparé à ce que les Franco-Ontariens vont connaître comme diminution de services, l’impact des compressions sur la Tournée Québec Cinéma peut sembler anecdotique, a mentionné Ségolène Roederer dans un communiqué. C’est cependant un symptôme concret de l’effet de ces coupes, ce qui ne présage rien de bon pour la suite des choses. »
La Tournée Québec Cinéma apporte une onde de fraîcheur permettant d’enrichir la vie culturelle des communautés francophones hors Québec, souligne Ségolène Roederer. « On le voit sur le terrain… On est reçus comme le Messie quand on arrive avec nos films et nos vedettes. On a l’impression de donner de l’eau à un arbre qui en manque si cruellement. »