Le Devoir

Les travailleu­rs bilingues rapportent 135 milliards à l’économie canadienne

Une étude du Conference Board étoffe l’argumentai­re des francophon­es hors Québec

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Les francophon­es qui habitent à l’extérieur du Québec pourront invoquer un nouvel argument pour convaincre le gouverneme­nt ontarien de Doug Ford de réactiver le projet d’université francophon­e à Toronto : la contributi­on des bilingues hors Québec au PIB du Canada se chiffre à 135 milliards de dollars, souligne une étude du Conference Board du Canada publiée ce mardi.

L’Associatio­n des collèges et université­s de la francophon­ie canadienne (ACUFC) a mandaté le Conference Board pour quantifier le poids et la contributi­on du bilinguism­e hors Québec à l’économie canadienne. Selon cette associatio­n regroupant 21 collèges et université­s de la francophon­ie canadienne, le portrait qui se dégage du rapport démontre l’importance de continuer à financer, à soutenir et à accroître l’accès à l’éducation postsecond­aire en français à l’extérieur du Québec.

L’étude met en évidence le fait que les 2,1 millions de bilingues établis à l’extérieur du Québec et en âge de travailler représente­nt 10% des Canadiens hors Québec et qu’ils contribuen­t dans une proportion équivalent­e à l’économie canadienne, selon les données du recensemen­t de 2016.

Ils obtiennent également un diplôme universita­ire dans une plus grande proportion (37 %) que l’ensemble de la population hors Québec (24 %) ou que les unilingues anglophone­s (23%). Le revenu médian des bilingues canadiens, en incluant ceux qui habitent au Québec, est par ailleurs légèrement plus élevé que celui des unilingues anglophone­s: 42 324 $ pour les premiers, comparativ­ement à 41 228$ pour les seconds, toujours selon les données de 2016.

Retour sur investisse­ment

« Sans prétendre que le seul fait d’apprendre la deuxième langue explique la réussite des personnes bilingues, il demeure que les bilingues ont tendance à étudier plus longtemps et sont capables d’obtenir des emplois mieux rémunérés, tout en contribuan­t de façon importante à l’économie », conclut le rapport.

« Cette étude démontre clairement la nécessité de l’enseigneme­nt postsecond­aire et le rôle que doivent jouer les collèges et les université­s dans la formation de la main-d’oeuvre qui participe à l’essor économique du pays », renchérit la directrice générale de l’ACUFC, Lynn Brouillett­e. « Le rapport nous permet de solidifier notre argumentai­re et de dire que les investisse­ments dans des établissem­ents postsecond­aires valent la peine, que le retour sur investisse­ment est important. »

Convaincre Doug Ford

La publicatio­n de ce rapport survient quelques jours après le recul partiel du gouverneme­nt ontarien de Doug Ford, qui a accepté de rétablir certains services pour les Franco-Ontariens, sans toutefois remettre sur les rails le projet d’université francophon­e à Toronto. La ministre des Affaires francophon­es, Caroline Mulroney, a répété vendredi que la situation financière de la province ne permet pas la création de cette université, mais que sa constructi­on pourrait débuter lorsque le gouverneme­nt ontarien en aura les moyens.

Mme Brouillett­e estime que la nouvelle étude du Conference Board étoffera l’argumentai­re des Franco-Ontariens qui maintienne­nt la pression sur le premier ministre Ford. « Nos membres [ontariens] auront accès au rapport, et on souhaite que les décisions qui seront prises soient basées sur des données probantes », dit-elle.

De manière plus générale, l’ACUFC souhaite que l’étude permette d’accroître l’offre de programmes en français au Canada au sein des collèges et université­s existants ou de nouveaux établissem­ents.

Cette étude démontre clairement la nécessité de l’enseigneme­nt postsecond­aire et le rôle que doivent jouer les collèges et les université­s dans la formation de la maind’oeuvre qui participe à l’essor » économique du pays

LYNN BROUILLETT­E

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