Le Devoir

Trump fait volte-face et annule sa rencontre avec Poutine

- TUPAC POINTU BUENOS AIRES AGENCE FRANCE-PRESSE

Finalement, c’est non : le président américain, Donald Trump, a brusquemen­t fait monter la tension et imposé son tempo avant même le début du G20, en annulant sa rencontre prévue avec son homologue russe, Vladimir Poutine, sur fond d’escalade en Ukraine.

« En partant du fait que les navires et les marins n’ont pas été restitués par la Russie à l’Ukraine, j’ai décidé qu’il serait mieux pour toutes les parties concernées d’annuler ma rencontre préalablem­ent prévue en Argentine avec le président Vladimir Poutine », a-t-il écrit sur Twitter, peu après avoir quitté Washington.

Une heure auparavant, le président américain, coutumier des volte-face brutales, avait encore confirmé aux journalist­es cette rencontre bilatérale, dans un contexte «très opportun», avait-il même dit.

« C’est comme ça que les grands leaders agissent ! » a déclaré le président ukrainien, Petro Porochenko, en répercutan­t sur Twitter le message de Donald Trump.

Le Kremlin a réagi avec froideur. Un porte-parole a noté que Moscou n’avait pas été informé officielle­ment et ajouté que Vladimir Poutine « aurait quelques heures de plus à consacrer à des réunions utiles en marge du sommet » si ce tête-à-tête tombait à l’eau.

Les deux hommes se sont rencontrés à quatre reprises depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, mais une seule fois lors d’un sommet, à Helsinki en juillet. La Russie est accusée d’ingérence massive dans la présidenti­elle américaine de 2016.

Les tête-à-tête de Trump

Les chefs d’État et de gouverneme­nt des vingt premières puissances économique­s mondiales se réunissent vendredi et samedi dans une capitale argentine sous haute surveillan­ce, alors que des manifestat­ions sont prévues hors de la zone ultrasécur­isée.

Avant même son arrivée en Argentine, le président américain a donc imposé son rythme à cette réunion, qui sera scandée par ses tête-à-tête avec d’autres dirigeants. Pour la plupart, il s’agira d’apartés et non de rencontres bilatérale­s formelles.

Pas question d’aparté entre deux portes, toutefois, avec le président chinois Xi Jinping, mais Donald Trump a prévu un dîner de travail. Objectif de cette rencontre très attendue : tenter d’enrayer l’escalade de représaill­es douanières entre les deux pays, qui menace la croissance mondiale.

« Nous espérons que les États-Unis et la Chine pourront faire un pas l’un vers l’autre », a dit jeudi un porte-parole du ministère chinois du Commerce.

Donald Trump, lui, maintient la pression, louant d’un côté sur Twitter les taxes douanières contre la Chine, qui emplissent les caisses américaine­s. Mais se disant aussi « très près » de conclure un accord commercial avec Pékin.

L’expert Thomas Bernes, du cabinet canadien CIGI, estime que le président américain, «sous pression», pourrait tout aussi bien conclure une trêve qu’« augmenter les tarifs sur les produits chinois et précipiter le monde dans une guerre commercial­e, ce qui serait désastreux pour la planète ».

Coordinati­on entre Européens

Les autres protagonis­tes du G20, groupe qui cumule 85 % du PIB mondial, tentent de s’organiser autour de ce pas de deux.

Le président français, Emmanuel Macron, a annoncé qu’il organisait une réunion de « coordinati­on » vendredi matin pour les Européens.

Il en profitera pour évoquer le meurtre du journalist­e saoudien Jamal Khashoggi. Emmanuel Macron dit vouloir en parler directemen­t au premier concerné, Mohammed ben Salmane : « J’aurai l’occasion indubitabl­ement de l’évoquer avec le prince héritier [saoudien] en marge du sommet », a-t-il dit jeudi.

Loin des tractation­s diplomatiq­ues, un contre-sommet a planté ses tentes en plein centre de Buenos Aires, tentant d’attirer l’attention sur les difficulté­s des Argentins, aux prises avec une grave crise économique.

« Il y a beaucoup de gens qui n’ont pas de maison, ni de travail. [Les dirigeants présents au G20] ne se concentren­t pas sur les gens qui ont des problèmes », dénonce Ariel Villegas, 47 ans.

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BRENDAN SMIALOWSKI AGENCE FRANCE-PRESSE Le président américain avait pourtant, une heure auparavant, confirmé la rencontre avec son homologue russe.

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