Le Devoir

Vers une expansion du parc national du Mont-Saint-Bruno ?

Le ministère canadien de la Défense veut se défaire d’un ancien champ de tir

- KARL RETTINO-PARAZELLI

La superficie du parc national du MontSaint-Bruno, en Montérégie, pourrait augmenter de moitié grâce à l’annexion d’un ancien champ de tir, situé à proximité, dont le ministère fédéral de la Défense nationale veut se défaire. Les élus de la grande région de Montréal appuient l’idée et demandent à Québec et Ottawa de « conclure rapidement » une entente.

Le ministère de la Défense nationale a fait connaître l’an dernier son intention de se départir d’un ancien champ de tir de 4,4 kilomètres carrés situé juste à côté du parc national du Mont-Saint-Bruno, dont la superficie est actuelleme­nt de 8,8 km2. Le processus officiel de consultati­on n’a pas encore débuté, mais les élus de la Communauté métropolit­aine de Montréal (CMM) ont déjà fait leur nid.

Le comité exécutif de la CMM, qui regroupe 82 municipali­tés, a adopté le 4 octobre dernier une résolution demandant au ministre de la Défense nationale du Canada, Harjit Sajjan, et au ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Pierre Dufour, de « conclure rapidement une entente » pour intégrer l’ancien champ de tir au parc national. Ils ont notamment fait valoir que les terrains fédéraux « présentent plusieurs milieux naturels d’intérêt », y compris des habitats essentiels pour la rainette faux-grillon de l’Ouest et le ginseng à cinq folioles, qui sont reconnus par la Loi fédérale sur les espèces en péril.

Réactions prudentes

À Québec comme à Ottawa, on se montre pour l’instant prudent. « Nous procédons actuelleme­nt à des évaluation­s du site de l’ancien champ de tir de Saint-Bruno et à des consultati­ons avec les groupes des Premières Nations et les intervenan­ts afin d’évaluer les possibilit­és de transferts ou de vente pour cette propriété », se contente de répondre l’attachée de presse du ministre Sajjan, Byrne Furlong.

Au cabinet du ministre Dufour, on indique que le dossier est en cours d’analyse et qu’il pourrait faire l’objet de discussion­s avec des représenta­nts du gouverneme­nt fédéral dans les prochaines semaines.

Avant d’envisager une annexion de l’ancien champ de tir au parc national du Mont-Saint-Bruno, le ministère de la Défense doit procéder à une consultati­on formelle avec tous les groupes intéressés. Selon la politique du Conseil du Trésor, le terrain sera d’abord offert aux groupes des Premières Nations, avant d’être proposé dans l’ordre aux autres ministères fédéraux, aux ministères provinciau­x et aux municipali­tés.

« Si ces groupes ne sont pas intéressés à en faire l’acquisitio­n, le terrain sera ensuite disponible sur le marché suivant un processus concurrent­iel à travers les services d’un agent immobilier », explique le ministère de la Défense par courriel.

Pour la conservati­on

Le maire de Saint-Bruno-de-Montarvill­e, Martin Murray, est favorable à l’intégratio­n du terrain au parc national. C’est également le « premier choix » de la mairesse de Sainte-Julie, Suzanne Roy, même si celle-ci a déjà évoqué l’idée d’y bâtir un quartier de « démonstrat­ion des meilleures pratiques de constructi­on verte ».

La porte-parole de la Ville, Mélanie Brisson, précise aujourd’hui que cette idée n’est qu’au stade de la réflexion et qu’« une consultati­on publique précéderai­t toute initiative de la Ville ».

Les deux communauté­s mohawks de la grande région de Montréal, Kanesatake et Kahnawake, n’ont pas répondu à nos demandes concernant leur intérêt pour le terrain fédéral.

« L’objectif, c’est que le milieu naturel, qui est très important, soit conservé par Québec ou les Premières Nations et qu’il n’y ait pas de développem­ent immobilier, soutient le coordonnat­eur du Mouvement ceinture verte, Sylvain Perron. Si le terrain devait être cédé à la Sépaq, ce serait bénéfique pour l’accès à la nature, parce que le parc du MontSaint-Bruno est saturé. »

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR Avant d’envisager une annexion de l’ancien champ de tir au parc national du Mont-Saint-Bruno, le ministère de la Défense doit procéder à une consultati­on officielle avec tous les groupes intéressés.

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