Les villes incitées à agir
Offrir un congé de taxes, du transport gratuit, l’accès à des équipements publics : les municipalités peuvent agir concrètement de nombreuses manières pour aider les maisons d’hébergement et contrer la violence conjugale sur leur territoire.
Depuis deux ans, la campagne Municipalités alliées contre la violence conjugale a réussi à rassembler 370 municipalités dans 16 régions du Québec. Elles se sont toutes engagées par l’adoption d’une résolution, mais elles sont maintenant appelées à passer à l’action.
Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale cherche aussi à rejoindre les autres localités, alors que, selon le décret de population 2018 du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, on compte 1108 villes, villages, municipalités ou cantons au Québec.
La présidente du regroupement, Chantal Arseneault, souligne que chaque dépense que peut éviter une maison d’hébergement se traduit par des services supplémentaires aux femmes.
« Une de nos principales activités, c’est de sensibiliser la population à contrer la violence. Avec les municipalités, ça nous donne une vaste campagne qui vient soutenir le travail des maisons », mentionne Mme Arseneault.
Elle plaide aussi pour une plus grande sensibilisation à la violence psychologique et verbale, qui demeure « très tolérée et peu dénoncée » contrairement à la violence physique, qui aujourd’hui est socialement inacceptable.
« Quand les femmes arrivent en maison d’hébergement, souvent elles ne savent pas trop si elles ont vécu de la violence psychologique», témoigne Mme Arseneault.
Se faire rabaisser, diminuer, inférioriser, tout ça constitue de la violence psychologique, explique-t-elle.
Celle qui est coordonnatrice de la Maison l’Esther, à Laval, invite les municipalités à prendre le temps d’échanger avec les maisons d’hébergement sur leur territoire pour discuter des enjeux particuliers de leur localité et mieux prévenir la violence conjugale.
Des municipalités proactives
Trois maires ont été invités à faire part des gestes entrepris par leur municipalité. À Amos, en Abitibi-Témiscamingue, on accorde un congé de taxes municipales à la Maison Mikana, qui vient en aide aux femmes victimes de violence. Une aide financière est aussi versée à l’organisme et une table ronde a été organisée pour mieux connaître la problématique et les besoins, a mentionné le maire, Sébastien D’Astous.
Sur la Côte-Nord, la Maison des femmes de Baie-Comeau profite aussi d’un congé de taxes municipales. La ville du maire Yves Montigny fournit également un accès gratuit à des locaux, ainsi qu’à des biens et services pour l’organisation d’activités. De plus, les femmes qui séjournent en hébergement d’urgence peuvent laisser gratuitement leur animal domestique au refuge municipal.
Dans les Laurentides, la municipalité de Saint-Colomban a aussi mis en place trois mesures précises. D’abord, les frais de transport des victimes entre leur résidence et la maison d’hébergement, située dans la ville voisine, Mirabel, sont remboursés.
Le trajet de 15 à 20 kilomètres peut coûter environ une trentaine de dollars en taxi. « Quand on sait que les femmes victimes de violence peuvent être privées de revenus ou privées de transport, c’était essentiel d’agir en ce sens-là », explique le maire Xavier-Antoine Lalande.
De plus, Saint-Colomban a mis sur pied sa propre maison des familles et pris l’initiative de former son personnel et celui de la maison des jeunes à dépister la violence familiale.